Dans une interview accordée le 28 novembre, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a réaffirmé la nécessité de respecter la souveraineté du Sénégal, qui, selon lui, ne peut tolérer la présence de bases militaires étrangères. Par cette déclaration, il a signifié à la France que ses forces doivent quitter le territoire sénégalais, bien qu’il ait précisé qu’il ne s’agissait pas d’une “rupture” mais d’une évolution des relations bilatérales.
Le président Faye a insisté sur le fait que la souveraineté du Sénégal est incompatible avec des bases militaires étrangères sur son sol. « Le Sénégal est un pays indépendant, souverain, et sa souveraineté ne peut être conciliée avec la présence de bases militaires», a-t-il déclaré lors de cet entretien. Il a également précisé que cette démarche ne représente pas une rupture avec la France, mais plutôt une volonté de réinventer le partenariat entre les deux pays.
Tout en saluant l’initiative du président français Emmanuel Macron qui, dans une lettre, a reconnu la responsabilité de l’armée coloniale française dans le massacre de Tirailleurs sénégalais à Thiaroye en 1944, un geste que Faye a qualifié de grand pas, le président sénégalais a réaffirmé son désir de diversifier les relations internationales de son pays, tout en soulignant que la France demeure un partenaire clé pour le Sénégal, notamment en termes d’investissements et de présence de sociétés françaises.
Cependant, il a estimé que, 64 ans après l’indépendance, il était temps pour la France de réévaluer sa relation avec le Sénégal, sans la présence militaire, en faveur d’un partenariat plus équilibré, fondé sur des échanges économiques et diplomatiques.
Absence , pas rutpture .
« Une absence de bases militaires n’implique pas une rupture », a précisé Bassirou Diomaye Faye. Il a cité des pays tels que la Chine, la Turquie, les États-Unis ou l’Arabie Saoudite, qui, bien qu’étant des partenaires économiques du Sénégal, n’y ont pas de bases militaires. Il a d’ailleurs rappelé que la Chine est actuellement le premier partenaire commercial du Sénégal, sans pour autant envisager de rupture des relations.
Le président a également évoqué une révision de la doctrine de coopération militaire du Sénégal, qui mettra fin à la présence de bases militaires étrangères, tout en maintenant des partenariats militaires avec des pays désireux de continuer la coopération avec le Sénégal.
Dans un contexte plus large, la France a récemment décidé de réduire sa présence militaire en Afrique, avec des réductions de troupes prévues au Sénégal et dans d’autres pays du continent. L’Élysée a annoncé que Jean-Marie Bockel, envoyé spécial d’Emmanuel Macron pour l’Afrique, a remis son rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, qui prône un partenariat différent que dans le passé.
Constantin GONNANG avec France 24 pour Afrik Inform ☑️