Submergée par la douleur, Lydol a trouvé la force de parler. Dans une déclaration poignante, lâartiste camerounaise annonce le report de ses concerts prévus à Yaoundé et Paris, en hommage au petit Mathis, 6 ans, brutalement arraché à la vie. Face à lâimpensable, son père impliqué dans une affaire de meurtre, la poétesse ne se dérobe pas. Elle sâadresse aux cÅurs meurtris, le sien en lambeaux.
« Je cherche les mots » : lâimpossible deuil partagé
Le visage grave, la voix serrée, Lydol a livré ce 11 mai une déclaration poignante en vidéo. Face caméra, câest le cÅur en ruines quâelle tente dâapprivoiser lâhorreur : « Depuis avant-hier, je cherche les mots. Je cherche les mots justes pour, ne serait-ce quâun peu, alléger la douleur dâune mère, dâun père, dâune famille qui vient de perdre son fils ».
Elle parle sans détour, sans artifice. Elle nomme lâindicible. Elle ne cherche ni à minimiser ni à détourner lâattention. Elle sâadresse aux familles, à lâopinion, mais surtout à lâhumanité. Dans ce drame, il nây a ni posture, ni stratégie, juste la stupeur dâun être humain brisé.
« Cet enfant qui aurait pu être le mien »
Lâenfant sâappelait Mathis. Il avait six ans. Il a été tué. Et dans ce crime qui glace le sang, le père de Lydol est mis en cause. « Mon père⦠mon père est au cÅur dâun acte tragique, un acte irréparable. Je nâen ai pas été témoin, mais je suis sa fille, et aujourdâhui, je pense que cela suffit pour que mon nom soit associé à toute cette douleur».
Cette douleur, Lydol ne lâélude pas. Elle lâétreint, sans défense, sans fard. Et dans ce chaos intime, elle pense dâabord à la victime : « Cet enfant de 6 ans, qui a brutalement été arraché à la vie. Cet enfant qui aurait pu être le mien. Cet enfant qui aurait pu être le vôtre aussi».
Une main tendue malgré le choc
Sans chercher à forcer le pardon, Lydol raconte une tentative de rapprochement : « Notre famille a essayé de rencontrer la famille endeuillée. Parce que je pense que 10 000 paroles aussi sincères soient-elles ne vaudront jamais une main posée sur lâépaule dâune maman meurtrie» Mais la douleur, encore à vif, ne permet pas encore lâéchange. Elle dit comprendre. Elle dit respecter.
Lydol, fille dâun homme accusé, mais fidèle à ses convictions
Sa voix, dâhabitude posée sur des mélodies engagées, se fait prière. Pour les vivants, pour les endeuillés. Pour que la justice, la vraie, lâimpartiale fasse son Åuvre. Elle lâaffirme sans ambages : « Je condamne fermement, très fermement, toute forme de violence, quelles que soient les circonstances».
Et à ceux qui pourraient lâaccuser de renier ses engagements de toujours, elle répond avec fermeté : « Pour ceux qui connaissent mon travail, mes combats, mes convictions : mes valeurs ne changent pas. Même dans cette épreuve. Même dans cette circonstance. Même dans cette situation ».
Justice, silence et respect : Lydol suspend la musique
Le silence, désormais, semble plus juste que la scène. Lydol a décidé de reporter ses deux concerts : celui du 23 mai au Palais des Congrès de Yaoundé, et celui du 7 juin à lâAlhambra de Paris. Une décision prise « par respect pour le temps de deuil », dit-elle.
Enfin, les mots sâeffacent. Elle sâincline, en une prière : « à la famille endeuillée, je présente mes sincères condoléances et je prie que le temps puisse ne serait-ce quâun peu, endoucir les grosses cités de la douleur quâils traversent actuellement».
Constantin GONNANG, Afrik inform âï¸
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