Au palais présidentiel Américain, les entrevues avec Donald Trump ont cessé d’être de simples rendez-vous protocolaires. Elles se transforment désormais en véritables face-à-face imprévisibles, où chaque chef d’État risque de se retrouver pris au piège des caméras et des provocations. Dernier en date : Cyril Ramaphosa.
Autrefois perçu comme un sommet de prestige diplomatique, le tête-à-tête avec le président des États-Unis dans le Bureau ovale est devenu, sous Donald Trump, un exercice périlleux. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa en a fait l’amère expérience mercredi 22 mai, rejoignant la liste des dirigeants étrangers déstabilisés par la méthode Trump.
Ce qui, sous l’ère Biden, relevait de la photo officielle et du ton cordial, s’est mué avec Trump en un guet-apens orchestré sous les projecteurs. Un théâtre de tension, où l’on ne sait jamais si l’on va discuter commerce… ou se faire humilier en direct. Dans le décor feutré du Bureau ovale, les invités prennent place sur un fauteuil au bord d’une tension palpable. Entre les dorures personnalisées, les portraits controversés et les caméras sur le qui-vive, les dés semblent déjà jetés.
Trump, maître de la scène, alterne entre flatterie maladroite et confrontation brutale.Face à lui, chaque dirigeant étranger est sur la sellette : sera-t-il caressé dans le sens du poil ou mis face à ses contradictions, sous les yeux d’une presse affamée ? Impossible de le prévoir.
L’affaire Zelensky, le précédent qui hante tous les visiteurs
L’exemple le plus marquant reste celui du président ukrainien Volodymyr Zelensky, convoqué le 28 février dernier. Visiblement furieux de l’évolution des positions diplomatiques ukrainiennes, Trump l’avait sèchement accusé d’ingratitude, évoquant l’aide militaire américaine. Un échange tendu, capté par les caméras, qui a fait le tour des télévisions mondiales.

Depuis, dans les chancelleries, une consigne non écrite circule : “Éviter un Zelensky”. Une manière pudique de dire qu’il faut à tout prix échapper à une humiliation en direct.
Ramaphosa piégé par une vidéo-choc
Mercredi dernier, Cyril Ramaphosa a tenté d’arrondir les angles. Il s’est présenté accompagné de deux stars sud-africaines du golf, Ernie Els et Retief Goosen, espérant toucher la corde sensible de Trump, grand amateur du green. Mais l’hôte américain avait d’autres plans.
Au beau milieu de l’échange, Trump a soudain exigé qu’on baisse la lumière pour lancer une vidéo montrant des responsables politiques sud-africains scander : “Tuez les Boers”. La scène a figé Ramaphosa, surpris, visiblement pris au dépourvu
.À la différence de Zelensky, il n’a pas répondu frontalement, sinin subtilement « Nous corrigeons des siècles d’injustice » a t’il dit sous un sang-froid qui lui a permis d’éviter l’humiliation suprême : se faire congédier avant le déjeuner officiel.
Des dirigeants sur leurs gardes
Tous ne s’en sortent pas aussi bien. Le Premier ministre canadien Mark Carney, bien que visiblement tendu, a su tenir tête quand Trump a lancé, mi-sérieux mi-provocateur : “Et si le Canada devenait le 51e État ?”. Réponse cinglante du Canadien : “Le Canada n’est pas à vendre”.

D’autres, comme Keir Starmer ou Emmanuel Macron, ont su déjouer le piège avec diplomatie. Le Premier ministre britannique a présenté une lettre personnelle du roi Charles, et le président français a ressorti son arsenal de gestes chaleureux, misant sur la familiarité pour éviter l’affrontement.
Trump, producteur de sa propre émission
Mais certains alliés d’hier sont désormais dans la tourmente. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, pourtant accueilli en grande pompe en début d’année, a vu les rapports se tendre dès son retour en avril, lorsque Trump a annoncé des pourparlers directs avec l’Iran. Une surprise captée en direct, sous les yeux du leader israélien abasourdi.

Trump, habitué des plateaux et des coups médiatiques, assume totalement cette nouvelle diplomatie-spectacle. Après l’altercation avec Zelensky, il s’est même réjoui d’un “formidable moment de télévision”.Avec Donald Trump de retour à la Maison Blanche, la politique étrangère américaine prend des allures de script de téléréalité. Pour les chefs d’État invités, l’enjeu dépasse le simple dialogue bilatéral : il s’agit aussi – et peut-être surtout – d’éviter de devenir la prochaine séquence virale d’une Maison Blanche transformée en plateau de show permanent.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️
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