Le 2 juillet 2025, trois figures du football camerounais â Pierre Semengue, Faustin Domkeu et Pierre Ndjili Ndengue â ont lancé un appel solennel à la FIFA et à la CAF. Dans une tribune accusatrice, ils dénoncent un système opaque et un âcancer financierâ qui aurait, selon eux, mis la FECAFOOT au bord de la faillite. Leur demande : un audit forensique.
Un contrat international au cÅur de la polémique
Selon les auteurs de la tribune, un contrat signé en septembre 2023 entre la Fédération de football de Russie (RFU) et la FECAFOOT aurait donné lieu à un versement suspect de 455 000 euros dans le compte personnel de Samuel Etoâo.
Ce paiement, consenti dans le cadre de lâorganisation dâun match amical entre la Russie et le Cameroun le 12 octobre 2023 à Moscou, aurait été logé à la Qatar National Bank, où lâancien attaquant star dispose dâun compte privé.
Les signataires y voient une dérive grave des finances publiques sportives, évoquant un âdétournementâ qui nâaurait jamais fait lâobjet dâune transparence institutionnelle. Pour eux, il sâagit là dâun symptôme supplémentaire dâun système devenu incontrôlable.
Des contrats personnels sur fonds dâinstitutions sportives
Autre grief soulevé : la signature par Samuel Etoâo, en cours de mandat, dâun contrat de représentation personnelle avec une société de paris sportifs, en échange dâune rémunération. Une situation qui, toujours selon les signataires, contrevient aux codes dâéthique en vigueur à la FECAFOOT comme à la FIFA, et qui aurait dû entraîner des sanctions immédiates.
Le texte évoque également la manipulation et le trucage présumés de certains matchs, sur la base dâun enregistrement audio dans lequel le président de la FECAFOOT aurait échangé avec un dirigeant de club pour influencer des résultats. Ces éléments sont décrits comme les preuves dâun effondrement éthique autant que structurel.
Fonds Forward 3.0 et subventions étatiques : où est passé lâargent ?
Au fil de leur tribune, les trois signataires multiplient les interrogations sur la gestion opaque des ressources financières allouées à la FECAFOOT. Ils citent lâabsence de projets dâinfrastructures réalisés avec les fonds du programme FIFA Forward 3.0, censés financer des investissements concrets.
Ils évoquent également le détournement des subventions accordées par lâÃtat aux clubs professionnels, sans quâaucun bilan ou audit ne soit communiqué.
Un autre point soulevé concerne lâabsence de reddition des comptes sur les retombées financières de la participation du Cameroun à la Coupe du monde 2022 au Qatar. Une situation que les auteurs qualifient de âgestion par opacitéâ, en rupture totale avec les normes de bonne gouvernance.
Un football à lâabandon, une dette abyssale
Le constat est sans appel. Les finances de la FECAFOOT sont décrites comme âen ruinesâ, avec une dette qui atteindrait, selon les estimations les plus prudentes, près de 15 millions dâeuros. Cette crise budgétaire aurait des conséquences directes sur toutes les branches du football : le championnat professionnel, paralysé par des soupçons de trucage ; les jeunes, sans compétitions officielles depuis trois ans ; le football féminin, en âchute libreâ ; et le football amateur, victime dâune désorganisation chronique⦠Selon les auteurs.
Une demande claire : lâouverture dâun audit forensique international
Face à ce tableau accablant, les signataires ne se contentent pas de dénoncer. Ils demandent officiellement à la FIFA et à la CAF de diligenter un audit forensique de la gestion actuelle de la FECAFOOT. Une démarche lourde de conséquences, puisquâelle vise à établir les responsabilités pénales potentielles en cas de détournements ou de falsifications.
La tribune se conclut sur un appel à la justice sportive mondiale : âQuâavons-nous fait pour mériter cela ?â, demandent-ils, en interpellant directement Zurich et le Caire. âVous nâêtes pas obligés de croire toutes nos accusations sur parole, mais nous vous suggérons de mener un audit forensiqueâ, insistent-ils.
Au-delà des chiffres, cette sortie publique révèle une fracture profonde dans le paysage du football camerounais : celle entre la direction actuelle, menée par Samuel Etoâo, et les anciens piliers du système footballistique, aujourdâhui relégués, parfois exclus.
La guerre des générations semble avoir laissé place à une guerre des légitimités, dans laquelle la transparence des comptes est devenue un champ de bataille central.
Afrik inform âï¸
Laisser une réponse