Cameroun| 10 choses à savoir sur Dieudonné Bougne, le milliardaire qui joue la carte BIYA. 

Discret mais puissamment enraciné dans l’économie camerounaise, Dieudonné Bougne n’a pas pour habitude de courir les plateaux télé ni de s’épancher dans les colonnes des journaux. Pourtant, ces dernières semaines, son nom s’est imposé dans le débat public : derrière le lancement de la mine de fer de Bipindi Grand-Zambi et un appel retentissant à soutenir Paul Biya, se dessine la silhouette d’un industriel dont l’influence dépasse désormais le monde des affaires.

1. Un self-made man forgé dans la poussière et la sueur

Né en 1956 à Bansoa, dans l’Ouest Cameroun, Dieudonné Bougne a bâti son empire à la force du poignet. Sans diplôme prestigieux, il apprend la couture à Mbalmayo avant de s’initier au commerce. Dans les années 1980, il charge du sable dans les carrières, puis travaille comme docker au Port autonome de Douala. Cette expérience, qu’il qualifie lui-même de « plus grande école de la vie », l’initie aux réalités de la chaîne logistique. C’est de là que naît son ambition d’intégrer durablement le circuit de l’énergie et du transport.

2. Le groupe Bocom, né d’une intuition et d’une rigueur de fer

En 1991, il fonde Bocom (Bougne Compagnie), entreprise spécialisée dans la distribution des produits pétroliers et la logistique. Son premier contrat majeur, obtenu avec Cotco, lui ouvre les portes du secteur énergétique. Le groupe, qui compte aujourd’hui plus de 3 200 employés, s’est imposé comme l’un des piliers économiques du Cameroun, présent à Douala, Kribi, Limbé et Yaoundé.

Bocom couvre désormais les domaines du transport maritime, du BTP, du recyclage, de l’immobilier, des hydrocarbures et des mines. Son modèle : l’intégration verticale, pour contrôler toute la chaîne — du stockage au transport.

3. De la couture au conglomérat : l’ascension d’un entrepreneur visionnaire

Son parcours atypique fascine. Bougne aime rappeler qu’il a dû « économiser 20 000 F CFA par mois pendant trois ans » sur un salaire de 30 000 F pour constituer son premier capital. De fil en aiguille, il diversifie ses affaires : transport, recyclage d’huiles usagées, import-export, puis hydrocarbures.

Cette approche patiente et empirique fera de lui un entrepreneur redouté pour son flair. En 2001, il restructure ses activités sous le label Bocom International, marquant le début d’une expansion sous-régionale.

4. L’entrée dans le secteur minier : la mine de fer Bipindi Grand-Zambi

Le 22 septembre 2025, Joseph Dion Ngute inaugure la mine de fer Bipindi Grand-Zambi, propriété du groupe de Bougne à travers Sinosteel Cameroon SA. Ce projet, d’une capacité de production projetée de 8 millions de tonnes par an d’ici 2031, repose sur un gisement estimé à 150 millions de tonnes de minerai.

Le site a déjà généré plus de 3 500 emplois directs et des milliers d’emplois indirects. L’entreprise a importé des broyeurs mobiles haute capacité et foré plus de 11 000 mètres de puits. Pour Bougne, « le Cameroun doit devenir maître de ses ressources naturelles ». Une ambition qui s’inscrit dans une logique de souveraineté économique.

5. Deux nouveaux permis pour renforcer son empire minier

Depuis 2024, le milliardaire renforce sa présence dans le secteur minier avec deux nouveaux permis de recherche :

Vaimba (Nord) : 487 km² pour la prospection de l’or et des substances connexes ;

Bipindi (Sud) : 253 km² pour l’exploration du fer et de l’or.

Attribués à ses sociétés Bougne Compagnie et G-Stones, ces permis consolident la position du groupe Bocom comme acteur stratégique dans la diversification minière nationale. Si les recherches sont concluantes, Bougne pourrait devenir le visage d’un capitalisme camerounais ancré dans le sous-sol du pays.

6. Un patriotisme économique assumé

Pour Dieudonné Bougne, investir localement n’est pas un choix opportuniste mais un devoir. Il prône un capitalisme productif, « fait par des Camerounais, pour les Camerounais ». Il soutient que « la vraie indépendance passe par la maîtrise de nos ressources et de notre énergie ». Cette philosophie guide sa stratégie d’entreprise et lui vaut d’être perçu comme un défenseur de la souveraineté économique nationale.

7. L’appel du Grand Nord : un geste politique maîtrisé

Il y’a quelq’un jours, à Douala, Bougne a réunit plus de 2 000 ressortissants du Septentrion, les exhortant à « se ranger derrière le président Paul Biya ». L’événement, à quelques jours du scrutin, résonne comme un signal fort.

Pour certains analystes, il s’agit d’un acte de loyauté ; pour d’autres, d’un positionnement stratégique visant à affirmer le rôle du secteur privé dans la continuité du pouvoir. Dans les deux cas, Bougne devient un acteur politique, même sans étiquette.

8. Un réseau transnational et panafricain

Présent à Douala, Kribi, Malabo, Pointe-Noire et Libreville, le groupe Bocom étend son influence dans tout le Golfe de Guinée. Bougne est considéré comme l’un des rares patrons camerounais à avoir bâti un réseau transnational solide, capable de concurrencer les multinationales étrangères.

Sa stratégie repose sur la synergie régionale et le contrôle des maillons logistiques essentiels à l’économie portuaire sous-régionale.

9. Philanthropie, sport et éducation : l’autre visage du magnat

Discret mais généreux, Bougne finance des projets communautaires à Kribi, Bansoa et Douala. Il a créé l’École supérieure des technologies et mines de Bansoa, pour former les ingénieurs de demain.

Passionné de sport, il soutient des tournois de football et a récemment annoncé son intention d’acheter un ou deux clubs en Europe pour promouvoir les jeunes talents camerounais. « J’aime l’excellence, quand je découvre un talent, je veux lui ouvrir un avenir », confiait-il sur Canal 2 International.

10. Un acteur-clé de la nouvelle scène politico-économique

Entre hydrocarbures, mines, BTP, logistique et hôtellerie — avec notamment le rachat de l’hôtel Ibis Douala — Dieudonné Bougne incarne cette génération de capitaines d’industrie africains qui ne séparent plus économie et influence.

Son apparition dans la séquence électorale de 2025 consacre son statut d’homme d’affaires incontournable, capable de conjuguer ambition nationale, pragmatisme économique et visibilité politique.


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