Le séisme politique amorcé depuis le lendemain de l’élection présidentielle du 12 octobre s’amplifie. Après la rupture spectaculaire entre Denis Emilien Atangana et son candidat Samuel Hiram Iyodi, c’est au tour de Sa Majesté Célestin Bedzigui, président du Parti de l’Alliance Libérale (PAL), de prendre ses distances avec son représentant à la présidentielle, Ateki Seta Caxton. Dans un communiqué publié le lundi 13 octobre à Yaoundé, le ton est clair, la mise au point sans équivoque : le parti se dissocie totalement de la posture adoptée par son candidat au lendemain du vote.

« Une initiative personnelle dénuée de moralité politique »

Le document signé de la main du président national du PAL déplore une attitude jugée contraire aux valeurs du parti. Selon Célestin Bedzigui, la sortie de son candidat sur les réseaux sociaux, marquant un rapprochement envers un autre prétendant à la magistrature suprême, ne saurait en aucun cas engager la formation politique.

« Cette posture pourrait être perçue par certains comme relevant d’un opportunisme dénué de toute moralité politique », souligne le communiqué, avant de rappeler que le parti demeure attaché à la loyauté, à la pondération et à la réflexion dans toute prise de position. Pour Célestin Bedzigui, la démarche d’Ateki Seta Caxton relève d’une initiative personnelle, étrangère à la ligne officielle du PAL.

La prudence avant toute prise de position

Alors que la plupart des états-majors politiques réagissent à chaud aux résultats partiels du scrutin, le PAL adopte une attitude d’attente. Le parti précise qu’il « entend se prononcer en temps opportun et après une analyse politique avisée sur les résultats de cette élection ».

Célestin Bedzigui insiste sur la nécessité de s’en tenir aux « résultats crédibles produits au moins par les Commissions départementales de recensement des votes » avant toute déclaration publique. Une manière de rappeler la ligne institutionnelle et analytique du PAL, souvent présenté comme une formation prônant la stabilité et la modération.

Une rupture dans la continuité

Cette prise de distance s’inscrit dans une vague plus large de désaveux qui secoue l’opposition camerounaise depuis la fin du scrutin. Après le Front des Démocrates Camerounais (FDC), qui a publiquement rompu avec son candidat Hiram Samuel Iyodi, la réaction de Célestin Bedzigui confirme le climat de fracture interne et de désorientation qui règne dans plusieurs formations.

En se démarquant de son candidat, le Parti de l’Alliance Libérale cherche à préserver son image et à éviter toute confusion idéologique. Une stratégie de recentrage qui pourrait redéfinir son positionnement dans l’échiquier politique national, alors que le pays attend encore les résultats définitifs du vote présidentiel.

Dans le silence mesuré de son communiqué, Célestin Bedzigui trace une ligne claire : la loyauté, oui, mais dans la dignité et la cohérence politique.