Au lendemain d’un scrutin présidentiel tendu, marqué par des affrontements sporadiques dans certaines villes du Nord, la voix d’Issa Tchiroma Bakary s’est élevée dans un message empreint d’émotion et de fermeté. Dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, le candidat du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC) revendique la victoire et appelle les institutions à « honorer la vérité des urnes ». L’ancien ministre de la Communication, devenu figure de l’opposition, exhorte le président sortant à « faire preuve de grandeur » en reconnaissant la volonté du peuple.

Yaoundé, 13 octobre 2025. C’est un discours aux accents de proclamation, un message qui sonne comme une rupture et une promesse à la fois. À travers une vidéo diffusée dans la soirée du lundi, Issa Tchiroma Bakary s’est adressé aux Camerounais avec la solennité d’un homme conscient de vivre un tournant de l’histoire. « Ensemble, nous avons écrit l’histoire », a-t-il lancé d’entrée.

Le candidat du FSNC, dont la base électorale s’étend largement dans les régions septentrionales, salue la mobilisation d’un peuple « debout », qui a « braver les menaces et les intimidations » pour défendre « la vérité des urnes ». Selon lui, cette élection a révélé « un Cameroun qui n’a plus peur », déterminé à protéger le fruit de son vote, symbole d’une maturité politique désormais irréversible.

Un message de fermeté et de réconciliation

Face aux tensions observées dans plusieurs localités du Nord, notamment à Garoua et Maroua, le ton du candidat se veut à la fois rassembleur et avertisseur. « Le peuple a choisi. Et ce choix doit être respecté », martèle Issa Tchiroma, avant d’en appeler aux institutions et aux autorités administratives pour qu’elles « ne se rendent pas ennemies du peuple qu’elles sont censées servir ».

Dans un passage empreint de gravité, il met en garde contre toute tentative de confiscation du verdict populaire : « Nous avons mis le régime devant ses responsabilités : soit il montre sa grandeur en acceptant la vérité des urnes, soit il choisit de plonger le pays dans un tourment qui laissera une cicatrice indélébile dans le cœur de notre Nation ». 

S’il célèbre une « victoire claire », le candidat du FSNC tempère ses propos par un appel au calme et à la paix. Il rend hommage aux forces de défense et de sécurité pour leur loyauté et les invite à rester « du côté de la République et de la paix ».

Une adresse à la jeunesse et à la diaspora

Dans son allocution, Issa Tchiroma Bakary salue tour à tour les enseignants, travailleurs, paysans, journalistes, soldats et membres de la diaspora. Une mention particulière est adressée à la jeunesse, qu’il invite à « croire en l’avenir » et à s’approprier le destin du pays.

Il promet par ailleurs de publier dans les jours à venir « un rapport détaillé des votes par région », compilé à partir des résultats affichés publiquement dans les bureaux de vote au Cameroun et dans la diaspora. Une démarche qu’il présente comme un acte de transparence et de confiance envers les électeurs.

Vers un nouveau chapitre politique

Pour Issa Tchiroma Bakary, ce scrutin marque un point de bascule : « Cette victoire n’est pas celle d’un homme, ni celle d’un parti. C’est la victoire du Cameroun », affirme-t-il, appelant à « tourner la page » pour refonder les institutions et « réconcilier la Nation ».

Son discours, ponctué d’appels à la responsabilité et à la maturité politique, se conclut par une exhortation au président sortant : « Nous demandons au régime en place de faire preuve de grandeur et d’honorer la vérité des urnes par un geste attendu : ce coup de fil de félicitations qui démontrera la maturité politique de notre Nation ». 

Dans un Cameroun encore sous tension, où le conseil constitutionnel ( seule habilité à se prononcer ) n’a pas encore proclamé les résultats officiels, la sortie d’Issa Tchiroma Bakary s’impose comme l’une des plus marquantes depuis la fermeture des bureaux de vote.

Elle consacre le retour sur le devant de la scène d’un vétéran de la politique nationale, décidé à faire de cette élection « le début du Cameroun de l’espérance ».