Alors que le pays se prépare à la proclamation officielle des résultats de la présidentielle du 12 octobre, l’Ordre des avocats du Cameroun a publié un communiqué alertant sur la détérioration de la situation sécuritaire et la violation des droits fondamentaux à travers le pays.
« Le Barreau du Cameroun note avec une profonde et préoccupante inquiétude la dégradation de la situation sécuritaire sur la scène politique nationale », affirme le texte signé par le bâtonnier Eric Mbah. L’institution exprime son « indignation face aux violations flagrantes des droits de l’homme constatées actuellement », appelant au calme et au respect de la légalité.
Condamnation des violences et destructions
Le Barreau condamne « fermement les actes de destruction », citant notamment les casses dans la ville de Dschang et l’incendie des tribunaux. Ces événements ont eu des conséquences graves, comme la perte d’archives judiciaires essentielles, y compris les informations relatives à l’état civil et au casier judiciaire.
L’Ordre souligne également que « des arrestations en cours, effectuées en violation des procédures légales et ayant un caractère ciblé » sont signalées à travers le pays. Il rappelle que « le droit de manifester pour un droit est un droit universel et inaliénable », et qu’aucun citoyen ne peut être privé de sa capacité à exprimer pacifiquement son désaccord ou défendre ses droits.
Le Barreau du Cameroun a dressé dans son communiqué un panorama préoccupant des incidents récents survenus dans le pays depuis la présidentielle du 12 octobre. Parmi les faits les plus marquants, le décès tragique de Mme Zouhaira, enseignante à l’école publique de Poumpouré à Garoua, est survenu le 21 octobre dans des circonstances encore à élucider…
Le lendemain, le pays a été secoué par l’enlèvement et l’assassinat de l’honorable Abe Michael, député du RDPC dans la région du Nord-Ouest, un événement attribué à des ravisseurs sécessionnistes, qui a accentué l’inquiétude au sein de la classe politique et de la population.
Dans ce contexte tendu, plusieurs opposants ont été interpellés, notamment Messieurs Anicet Ekane et Djeukam Tchameni, ainsi que des militants du FSNC. À Douala, l’activiste Fabrice Guéra a également été arrêté, renforçant les craintes sur le respect des libertés individuelles pendant cette période post-électorale.
Parallèlement, le Barreau dénonce les violences et arrestations ciblant des civils, y compris des mineurs travaillant dans le secteur informel, alors que beaucoup se trouvaient simplement à leur poste de travail et n’avaient aucun lien avec les manifestations.
Enfin, l’accès à Garoua a été restreint pour le Professeur Jean Calvin Abba Oyono, dont l’entrée dans la ville a été refusée, assortie d’une arrestation annoncée. Ces incidents illustrent, selon le Barreau Camerounais , l’importance d’une vigilance renforcée et d’une responsabilité accrue de tous les acteurs afin de préserver la paix et le respect des droits fondamentaux à travers le pays.
Appel à la retenue et au respect des droits
Le Barreau appelle tous les acteurs politiques et autorités du Cameroun à faire preuve de « retenue et de responsabilité », rappelant que « la paix qui prévaut dans le pays est fragile et nécessite d’être nourrie par tout le monde ». L’Ordre insiste sur la surveillance de tous les propos et actions entreprises ou ordonnées dans ce contexte post-électoral tendu.
L’institution rappelle aux autorités camerounaises que la Constitution consacre des droits fondamentaux tels que le droit à la vie et à l’intégrité, la liberté et la sécurité, la liberté de circulation, de communication, d’expression, de presse, de réunion, d’association, le droit syndical et de grève.
Le Barreau précise également que ces violations sont en contradiction avec les instruments internationaux ratifiés par le Cameroun, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, garantissant le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité, la liberté de circulation, la liberté de religion et la liberté d’expression.
Nous demandons la « libération des détenus »
Par le biais de sa Commission des droits de l’homme, Mbah Eric Mbah se dit prêt à « surveiller et s’assurer que les droits de tous les Camerounais arrêtés sont protégés ». L’Ordre demande la « libération immédiate » de toutes les personnes détenues en violation des procédures légales et des libertés fondamentales.
Dans son communiqué, le Barreau conclut en appelant le Conseil constitutionnel à assumer sa responsabilité historique en proclamant les résultats qui reflètent « la volonté authentique du peuple camerounais telle qu’exprimée dans les urnes le 12 octobre 2025 ». L’institution insiste sur l’importance de maintenir le calme et la paix dans un pays marqué par une tension croissante et la présence renforcée des forces de sécurité.
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