La jeunesse camerounaise découvre un monde de possibilités. À l’École Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé ce 21 Novembre, le programme Erasmus+ s’est invité au cœur des discussions académiques, offrant des perspectives de mobilité, d’innovation et de coopération internationale. Entre témoignages, chiffres et success stories, l’événement a rappelé combien l’Europe et le Cameroun peuvent construire ensemble un avenir éducatif ambitieux.
La scène se déroule dans une salle de conférence aux dimensions généreuses, à la fois formelle et lumineuse. Le plafond à double niveau et les éclairages encastrés diffusent une lumière uniforme, renforcée par le clair-obscur des hautes fenêtres drapées de rideaux bleu marine et beige clair. Sur le sol, un carrelage beige clair ajoute sobriété et fonctionnalité, tandis que les murs rose poudré contrastent délicatement avec les sièges bleu marine aux lisérés dorés où s’installent une quarantaine de participants.
Le public, mêlant Camerounais et Européens, reflète la dimension internationale de l’événement. Certains consultent documents et téléphones, traduisant un auditoire engagé et attentif. À l’arrière, un gilet jaune signale la présence d’agents organisateurs, tandis que les rideaux de bambou tressé apportent une touche locale à cette ambiance institutionnelle. Au-devant de la scène, les orateurs : David Andjama, Pr Sismond Hervé Mvele, Sébastien Dibling et Ngongo Isidore Séraphin, accompagnés de représentants de l’Université et de Polytechnique, s’apprêtent à présenter le programme.

L’atelier, ouvert par Madame Boyomo Onana, représentante du directeur de Polytechnique, a rappelé les liens historiques entre l’université et Erasmus+, depuis les bourses jusqu’aux projets de recherche. Ngongo Isidore Séraphin, représentant du recteur de l’Université de Yaoundé I, a mis en lumière la vitalité des échanges récents : délégations belges et turques accueillies à Polytechnique, collaborations scientifiques et formation des étudiants et enseignants.
Puis Sébastien Dibling, chef de la coopération de la Délégation de l’Union européenne, a souligné la portée mondiale du programme. « Depuis sa création en 1987, Erasmus+ a permis à des millions de jeunes de découvrir le monde et de développer leurs compétences », a-t-il rappelé.
16 lauréats camerounais : une réussite à célébrer
L’événement a été l’occasion de mettre en lumière 16 lauréats camerounais du programme Erasmus Mundus Joint Master, parmi lesquels 9 femmes, illustrant non seulement l’excellence académique, mais aussi la progression notable de la participation féminine dans la recherche, l’innovation et la mobilité internationale. Ces lauréats incarnent le dynamisme d’une jeunesse camerounaise ambitieuse et prête à s’inscrire durablement dans les réseaux académiques mondiaux.
Cette promotion s’inscrit dans une tendance plus large : le Cameroun, grâce à son statut de hub sous-régional et à ses universités ouvertes sur le monde, a vu sa participation aux programmes Erasmus+ croître régulièrement depuis 2014, avec déjà 11 projets de Capacity Building (CBHE) impliquant des établissements locaux. Les Master Conjoints Erasmus Mundus permettent aux étudiants de suivre des cursus dans deux universités ou plus, souvent sur deux continents, et d’obtenir un diplôme reconnu à l’international.

Comme l’a rappelé Sébastien Dibling, chef de la coopération de la Délégation de l’Union européenne : « L’objectif de ce jour est de communiquer sur Erasmus+ afin que la jeunesse camerounaise prenne conscience de ces opportunités et puisse préparer des dossiers solides et compétitifs ».
Pour chaque lauréat, cette bourse n’est pas seulement une réussite académique : elle représente l’accès à des méthodes pédagogiques innovantes, à des réseaux internationaux, à des stages et projets de recherche à haute valeur ajoutée, et surtout la possibilité de devenir un acteur de changement dans son pays. Chaque boursier devient ainsi un véritable pont vivant entre le Cameroun et l’Europe, capable de transférer connaissances, compétences et bonnes pratiques acquises à l’étranger au sein de ses institutions locales.
Cette réussite illustre également la dimension stratégique du programme pour le Cameroun : renforcer la recherche scientifique, promouvoir l’égalité des genres, et contribuer à l’internationalisation des universités.
Mobilité, innovation et coopération : des leviers pour l’avenir du Cameroun
Le programme Erasmus+ ne se limite pas à une simple bourse ou à un voyage académique à l’étranger : il constitue un véritable levier de transformation individuelle et institutionnelle, offrant aux étudiants, enseignants, chercheurs et universités une palette complète d’opportunités. Pour les étudiants, les dispositifs incluent la mobilité internationale de crédits, les Masters Conjoints Erasmus Mundus, les projets de Capacity Building pour l’enseignement supérieur, les activités Jean Monnet, les échanges virtuels ainsi que diverses bourses de recherche et de mobilité. Ces outils permettent non seulement d’acquérir des diplômes internationaux reconnus, mais aussi de bénéficier d’une immersion dans des systèmes pédagogiques et scientifiques avancés, d’élargir ses horizons professionnels et d’intégrer des réseaux académiques et professionnels mondiaux.

Le Cameroun, de par sa position stratégique en Afrique centrale et son bilinguisme français–anglais, se présente comme un hub naturel pour Erasmus+, capable de maximiser la participation à ces programmes. L’atelier a mis en exergue les conditions indispensables pour tirer pleinement parti de ces opportunités : discipline personnelle, organisation rigoureuse et qualité des dossiers soumis. Chaque projet, chaque candidature, chaque demande de bourse doit répondre à des critères stricts, mais la récompense est à la hauteur des efforts fournis : une mobilité réussie ouvre la voie à un parcours académique enrichi et à des perspectives professionnelles à l’international.

Mais Erasmus+ dépasse la simple expérience individuelle : enseignants, chercheurs et universités entières bénéficient également de mécanismes de soutien. Les institutions peuvent élaborer des projets structurés et innovants, participer à des partenariats internationaux, moderniser leurs curricula et renforcer leurs capacités de gouvernance. Les enseignants et chercheurs, quant à eux, ont la possibilité de collaborer avec des homologues étrangers, de participer à des événements scientifiques internationaux, et de transférer les nouvelles méthodes d’enseignement et compétences acquises à leurs étudiants. C’est un véritable effet multiplicateur qui transforme progressivement les pratiques académiques au sein des établissements camerounais.
L’impact d’Erasmus+ se mesure aussi à l’échelle du pays : chaque participant devient un acteur de développement, un vecteur d’ouverture culturelle et pédagogique, capable d’introduire des innovations dans la recherche, la gestion universitaire et la formation. Cette dynamique contribue à renforcer la compétitivité des universités camerounaises, leur visibilité internationale, et offre aux diplômés une meilleure insertion sur le marché du travail mondial.
L’Union européenne, par la voix de Sébastien Dibling, réaffirme son engagement à soutenir la jeunesse camerounaise et à promouvoir l’égalité des chances. L’accent est mis sur l’importance des partenariats d’égal à égal, où la mobilité et la coopération deviennent de puissants moteurs d’innovation et d’inclusion.
Hommage à Sofia Corradi
L’avenir d’Erasmus+ au Cameroun se dessine autour d’objectifs ambitieux et structurants. L’ambition est claire : renforcer la participation camerounaise dans l’ensemble des projets Erasmus+, développer de nouveaux partenariats académiques et scientifiques, et transformer la mobilité et la coopération internationale en un levier concret pour l’innovation et le développement du pays.
Les universités camerounaises sont invitées à s’armer de discipline, d’organisation et de rigueur pour maximiser leur potentiel et tirer pleinement profit des bourses et opportunités offertes par le programme. Chaque projet bien monté, chaque dossier de candidature solide, chaque initiative Erasmus+ constitue une porte ouverte sur le monde, permettant d’accéder à des expériences pédagogiques uniques, à des réseaux internationaux et à des collaborations scientifiques de haut niveau.
Les bénéfices individuels et collectifs sont tangibles. Comme le raconte Marie-Claire Mbou, ancienne lauréate camerounaise d’un Master Conjoint Erasmus Mundus : « Partir en Europe avec Erasmus+ a été une expérience qui a transformé ma vision de l’enseignement et de la recherche. J’ai acquis des compétences que je n’aurais jamais pu développer ici seule, et j’ai créé un réseau de collègues et mentors qui continue de nourrir mon parcours professionnel » .

Mais au-delà de ces réalisations concrètes, Erasmus+ doit également être compris comme un catalyseur de transformation sociale et académique, un moteur pour l’ouverture culturelle, l’inclusion et l’égalité des chances. Les collaborations internationales, les échanges académiques et les projets de recherche contribuent à renforcer la compétitivité des universités camerounaises et à positionner le pays comme un acteur stratégique de la coopération internationale.
Et au cœur de tout cela, il y a Sofia Corradi, la visionnaire italienne à qui l’on doit la naissance du programme Erasmus. Comme l’a rappelé Sébastien Dibling lors de la conférence : « Son héritage continue de transformer des vies, d’inspirer des carrières et de tisser des liens solides entre l’Europe et le Cameroun ». Née en 1934 et décédé le 17 octobre 2025, elle a été professeure et militante de l’éducation, elle a dédié sa vie à créer des opportunités de mobilité académique pour des millions de jeunes et d’universitaires à travers le monde. Chaque boursier, chaque projet et chaque université qui saisit ces opportunités porte un peu de son rêve et de sa vision.
Ainsi, Erasmus+ au Cameroun n’est pas seulement un programme : c’est une passerelle entre les ambitions locales et les horizons mondiaux, un projet porteur d’espoir et d’innovation, où chaque étudiant et chaque enseignant peuvent devenir des architectes d’un futur ouvert, inclusif et durable.
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