La nuit du 24 mars 2025 a été marquée par une attaque sanglante à Wulgo, dans la région de lâExtrême-Nord du Cameroun. Une embuscade tendue contre une position militaire a coûté la vie à douze soldats, en blessant plusieurs autres.
Ce nouvel assaut, attribué à Boko Haram, rappelle que malgré plus dâune décennie de lutte, la menace djihadiste reste bien réelle sur le territoire camerounais.
Une guerre qui dure depuis plus dâune décennie
Lâinsurrection de Boko Haram trouve ses origines en 2002 au Nigeria sous lâimpulsion de Mohamed Yusuf. Prônant une idéologie islamiste radicale et rejetant toute influence occidentale, le groupe a rapidement gagné en puissance.
En 2009, après lâexécution de son fondateur, lâorganisation bascule dans une violence extrême sous la direction dâAbubakar Shekau. Son expansion touche alors le bassin du lac Tchad, entraînant des incursions répétées au Cameroun dès 2014. Depuis, le pays subit régulièrement des attaques meurtrières, des attentats-suicides et des enlèvements.
Malgré la mort de Shekau en 2021 et les luttes internes entre factions rivales, Boko Haram et sa branche affiliée à lâÃtat islamique en Afrique de lâOuest (ISWAP) continuent de mener des opérations de guérilla.
Une riposte militaire et des initiatives de réinsertion
Face à cette menace, lâÃtat camerounais a adopté une approche musclée et nâa jamais failli pour lutter contre ces actes odieux. LâExtrême-Nord a été fortement militarisé, avec le déploiement du Bataillon dâintervention rapide (BIR) et lâimplication de la Force multinationale mixte (FMM), en collaboration avec le Nigeria, le Tchad et le Niger.
Parallèlement, des mesures socio-économiques ont été mises en place pour tenter de dissuader les jeunes de rejoindre les rangs de Boko Haram. Lâouverture de centres de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) a permis dâaccueillir des ex-combattants repentis, bien que leur réinsertion reste un défi.
Malgré ces efforts, plusieurs facteurs expliquent la résilience du groupe. Dâabord, la porosité des frontières rend difficile lâéradication complète des cellules terroristes, qui se replient aisément dâun pays à lâautre après chaque offensive.
Ensuite, la pauvreté et le manque dâopportunités dans lâExtrême-Nord favorisent lâendoctrinement des jeunes.Un officier de lâarmée, sous couvert dâanonymat, confie : « Nous avons remporté plusieurs batailles, mais Boko Haram sâadapte, utilise de nouvelles stratégies et exploite les failles du terrain »
Par ailleurs, la coopération régionale souffre dâinstabilités politiques, notamment avec le retrait du Niger de la FMM et les menaces du Tchad de quitter la coalition.
Lâattaque de Wulgo rappelle que Boko Haram demeure une menace sérieuse au Cameroun. Tant que les conditions socio-économiques resteront précaires et que les groupes armés bénéficieront dâun sanctuaire transfrontalier, la guerre contre le terrorisme dans lâExtrême-Nord risque de se poursuivre encore longtemps mais une chose est certaine, lâÃtat Camerounais ne faillira pas à protéger ses populations.
La rédaction dâAfrik inform âï¸
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