Afrique : Entretien avec Hama Amadou, ancien président de l’Assemblée nationale du Niger

L’ancien président de l’Assemblée nationale du Niger, Hama Amadou, a récemment accordé un entretien exclusif à [Vox Africa. Dans cette entrevue, M. Amadou aborde en profondeur la crise politique qui secoue son pays suite au coup d’État militaire survenu le 26 juillet dernier. Il exprime également ses points de vue sur les enjeux géopolitiques et les influences extérieures qui entourent cette situation complexe.

Q1 : Comment avez-vous réagi à la nouvelle du coup d’État ?

Hama Amadou : Comme la plupart des Nigériens et même certains partenaires extérieurs du Niger, j’ai été totalement pris au dépourvu par le coup d’État. C’était une surprise totale, un coup de tonnerre dans un ciel clair.

Q2 : Des rumeurs ont circulé affirmant que votre parti avait condamné le coup d’État. Pouvez-vous clarifier votre position à ce sujet ?

Hama Amadou : Je démens catégoriquement ces rumeurs. Les prétendus communiqués publiés sur les sites internet de presse sont des manœuvres malveillantes de mes ennemis politiques au Niger. Ces faux documents visent à me discréditer en vue de mon futur politique éventuel.

Q3 : Quelle est votre opinion sur l’attitude de la CEDEAO envers le Niger après le coup d’État ?

Hama Amadou : Je considère l’ultimatum fixé par la CEDEAO comme une marque de mépris envers le Niger, son peuple et son armée. Je m’interroge sur la légitimité d’une intervention militaire de la CEDEAO dans un pays membre et je remets en question la nature de la démocratie au Niger. Cette précipitation témoigne d’un manque de respect envers notre nation.

Q4 : Comment percevez-vous l’influence occidentale, en particulier celle de la France, sur la CEDEAO et ses décisions concernant le Niger ?

Hama Amadou : L’influence occidentale, y compris celle de la France, est un sujet qui soulève des interrogations. Les pays africains ont souvent été sujets à des influences extérieures depuis la décolonisation. Les motivations de la CEDEAO dans ses décisions sont légitimes, mais il est important de se demander si elles sont véritablement en faveur des intérêts du Niger.

Q5 : Pensez-vous que les sanctions et l’aide au développement sont efficaces pour les pays africains ?

Hama Amadou : L’aide au développement a souvent été utilisée pour asseoir un néocolonialisme qui assujettit les États africains. Les sanctions pourraient en effet stimuler la conscience patriotique des Africains et les inciter à rechercher des solutions indépendantes. Les Nigériens ont le potentiel de se relever par eux-mêmes, comme d’autres nations l’ont fait.

Q6 : Quel est votre point de vue sur les accords avec la France et sur la présence militaire française au Niger ?

Hama Amadou : Je remets en question la validité des accords signés entre le Niger et la France, car ils n’ont jamais été soumis à la ratification de l’Assemblée nationale. La présence de soldats français soulève des questions sur la souveraineté de notre pays. Le respect de la constitution nigérienne est essentiel.

L’entretien avec Hama Amadou met en lumière les préoccupations de l’ancien président de l’Assemblée nationale face à la crise politique au Niger et aux influences extérieures qui la caractérisent. Ses réflexions sur les sanctions, l’aide au développement et les accords internationaux soulignent la nécessité pour le Niger de choisir ses partenaires en fonction de ses intérêts nationaux. La situation politique et géopolitique demeure complexe, avec des enjeux majeurs pour le pays et la région.