Burkina Faso/ Deux ans après le coup d’état : Le bilan peu reluisant de Ibrahim Traoré

30 septembre 2023/30 septembre 2024, cela fait deux ans que jour pour jour que le capitaine Ibrahim Traoré est arrivé au pouvoir en renversant le lieutenant-colonel Damiba. Ce dernier avait lui-même pris le pouvoir par les armes en chassant le président élu Roch Marc Christian Kaboré. Le capitaine Ibrahim Traoré avait justifié son putsch par « l’incapacité des autorités en place à l’époque à ramener la sécurité »

A-t-il été à la hauteur de ses attentes vis-à-vis de son prédécesseur ?

Le capitaine Ibrahim Traoré avait évoqué les raisons d’insécurité et de mauvaise gouvernance pour justifier sa prise de pouvoir par la force. Il avait donc, dans la foulée, fait des promesses « Il était venu avec quelque chose de précis, consistant à dire que dans six mois, il vaincrait le terrorisme et que dans moins de douze mois, il organiserait les élections pour remettre le pouvoir à un dirigeant démocratiquement élu », rappelle Newton Ahmed Barry, éditorialiste et ancien président de la Commission électorale burkinabè.

Ce dernier précise qu’au lieu de tenir ces promesses, le capitaine Traoré a, au contraire, élargi au fil du temps ses objectifs, en mettant un accent sur la lutte contre « l’impérialisme » et en occultant la question de l’organisation des élections. En deux ans de pouvoir, le nouvel homme fort de Ouagadougou a pris des décisions qui ne sont pas passées inaperçues, comme par exemple « Le retrait du Burkina Faso de la Cédéao, en même temps que ses voisins, du Mali et du Niger. Les trois pays, tout en prenant leurs distances avec certains de leurs alliés occidentaux, vont non seulement se rapprocher de la Russie, mais aussi fonder l’Alliance des États du Sahel (AES).

Sur le plan sécuritaire, un rapport de l’Institut d’études de sécurité (ISS), publié en février dernier, rappelle que le gouvernement burkinabè a « réorganisé les forces de défense et de sécurité, acquis de nouveaux équipements militaires et recruté environ 10 000 fonctionnaires dans l’armée et la marine ».

Il y a également l’enrôlement de nombreux volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et la création du Fonds de soutien patriotique pour renforcer l’engagement des citoyens en matière de sécurité.

Mais tout ceci n’a pas mis un réel frein aux attaques terroristes. L’une des plus marquantes étant celle du 24 août dernier à Barsalogho, dans la région du Centre-Nord. Cette attaque, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, aurait fait plus de 400 morts, selon un collectif de proches des victimes. Côté pouvoir, aucun bilan officiel n’a été communiqué et le président Ibrahim Traoré est resté muet.

Une atteinte aux libertés

L’expert en gouvernance Paul Amegakpo déplore toutefois les restrictions des libertés qui s’accentuent dans le pays. Selon lui « au niveau de la gouvernance démocratique, notamment les libertés individuelles et collectives et l’indépendance de certaines institutions publiques comme la justice et l’Assemblée nationale, il y a de graves atteintes à ces libertés ». Il fait observer également que « les associations et les partis politiques ont vu leur espace de liberté restreint de manière drastique ».

Tout ceci a poussé de nombreux observateurs à penser que le bilan de Ibrahim Traoré n’est pas très positif mais il faut le laisser continuer son bout de chemin.

Constantin GONNANG avec DW pour AFRIK INFORM

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