La nouvelle est tombée comme un vent de dissonance. Fort de ses convictions, le capitaine Ibrahim Traoré a encore osé, le chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, a décidé de se séparer de son Premier ministre, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, nommé en octobre 2022 après le coup d’État qu’il avait mené.
Cette décision a été annoncée par un décret présidentiel publié le vendredi 6 décembre 2024. Le texte, signé par le « président du Faso » Ibrahim Traoré, stipule que « les membres du gouvernement dissout expédient les affaires courantes jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement ».
Es un choix opportun ? Surtout connaissant la trempe de l’homme qu’est Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, il a dirigé trois gouvernements successifs, étant reconduit à chaque fois à son poste après son arrivée en octobre 2022, peu après la prise de pouvoir par Traoré. Mais pourquoi ? Nul ne le sait car le président du Faso n’a donné aucune raison qui a suscité l’éviction de l’un de ses fidèles alliés, mais nous avons esquissé un motif.
L’une des raisons possibles de la mise à l’écart de Kyélem de Tambèla pourrait être liée à des polémiques récentes. En octobre dernier, il avait été vivement critiqué par des chefs coutumiers après avoir remis en cause l’efficacité des fétiches traditionnels face à la menace terroriste, appelant plutôt à privilégier les connaissances scientifiques.
Cette déclaration, jugée offensante par certains, l’avait contraint à présenter des excuses à ceux qui s’étaient sentis blessés par ses propos, alors qu’il était en déplacement en Russie. Cependant, une chose est claire, cette décision s’inscrit dans une période d’instabilité politique et de lutte.
Instabilité politique , le mot est dit .. et c’est ce lui qui caractérise la morosité de l’environnement dans le pays des hommes intègres. Le pays a en effet sombré dans une forte ” instabilité politique” et est plongé dans une crise profonde depuis 2022, après le coup d’État du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba contre le président élu Roch Marc Christian Kaboré.
Damiba a été aussitôt renversé huit mois plus tard par Ibrahim Traoré, qui est depuis lors à la tête du pays.Le Burkina Faso, aux côtés du Mali et du Niger, est devenu un acteur clé dans une alliance de juntes militaires de la région du Sahel, l’Alliance des États du Sahel (AES), qui a rompu avec la France pour renforcer les liens entre ces pays.Cependant, cette situation politique fragile n’a pas mis fin aux défis sécuritaires majeurs.
Le pays est confronté à des attaques de groupes armés djihadistes, avec près de 2 millions de personnes déplacées et plus de 26 000 morts depuis 2015, dont plus de 13 500 depuis le coup d’État de septembre 2022, selon l’ONG Acled.
Tout récemment, le président Traoré menaçait ses compairs de la sous région Sahel d’abandonner le combat dans cette zone car il a l’impression que son pays est abandonné à leur sort or la lutte devrait être commune. En attendant un nouveau gouvernement, le Burkina Faso est ” en ce moment” comme la France avec qui elle vient de rompre ses accords de défense, c’est à dire un pays sans gouvernement .
Constantin GONNANG, Afrik Inform ☑️