Cameroun – Affaire Martinez Zogo : Voici comment Reporters sans frontières a été manipulé en publiant un faux procès verbal

C’est une affaire à l’image des faux observateurs de Transparency International au cours de l’élection présidentielle de 2018 au Cameroun.

Sauf qu’ici il ne s’agit pas d’élection mais de faux procès-verbal dans le cadre d’une enquête criminelle dans la mort d’un journaliste : Martinez Zogo.

Ce faux procès-verbal méconnu des enquêteurs de la commission mixte, des magistrats militaires et des avocats a influencé l’opinion publique et perturbé le déroulement de l’enquête. Tout ceci à cause de qui ? De Reporters Sans Frontières (RSF).
Voici l’histoire.

Avant l’arrestation le 6 février 2023 de Jean Pierre Amougou Belinga, RSF publie le 3 février 2023 un rapport intitulé : « Assassinat du journaliste Martinez Zogo au Cameroun : Revélations sur un crime d’Etat ». Dans ce texte, Reporters Sans Frontières affirme trois choses importantes : 1) « Le patron du service de contre –espionnage, Leopold Maxime Eko Eko, a lui-même été arrêté. Son propre adjoint, le directeur des opération spéciales Justin Danwe, a fait une déposition saisissante». Primo : RSF ignore que DANWE n’a jamais été adjoint du DG de la DGRE et depuis novembre 2022, il n’est plus directeur des opérations. Mais passons.

2) Laurent Esso a ordonné à Jean Pierre Amougou Belinga présent lors de la torture de Martinez Zogo de « finir le travail ». Sauf que la preuve de ce coup de fil n’a jamais été rapportée.
3) La scène de crime est l’immeuble Ekang. FAUX, il n’y a pas de scène de crime jusqu’à ce jour. D’ailleurs, c’est pour cette raison que les policiers de la commission mixte ont suggéré que DANWE et son commando soit retenus le plus longtemps possible au SED afin que l’on puisse identifier le lieu du crime. Donc, des éléments de ce document présentés au demeurant comme un procès-verbal d’audition de Justin DANWE étaient faux.

SPENCER BACHUS

Mais, il y a plus grave. Ce que RSF présente ce 3 février 2022 comme un procès-verbal d’audition de Justin DANWE n’a rien d’exclusif. Les éléments de ce texte correspondent à 80% au texte publié deux jours plus tôt sur une page piratée et certifiée Boris Bertolt et dont on sait aujourd’hui qu’elle était entièrement entre les mains de certains officiers du BIR…
Cette page, qui n’était donc pas la mienne et à plusieurs reprises je l’ai indiqué, était la page Facebook d’un membre du congrès américain de l’Etat de l’Alabama, SPENCER BACHUS, créée en 2007, laquelle a été hackée. En octobre 2022, cette page est devenue Boris Bertolt Bachus et en début novembre, Boris Bertolt. Drôle de coïncidence: au même moment où cette page piratée et certifiée apparaît, ma page et mon compte officiels ont été désactivés et dépubliés. Les autres pages créées subissant le même sort.

C’est donc cette page piratée Boris Bertolt, appartenant à l’origine au Congressman SPENCER BACHUS, qui le 1 février 2023 publie d’abord sous le titre : « scoop/Fax/Révélations exclusives : Danwe Justin raconte le film des évènements ayant conduit à l’assassinat de Martinez Zogo ». Ainsi, la page d’un membre du congrès américain a été utilisée dans le cadre d’une usurpation d’identité dans l’affaire Martinez Zogo. Cette fausse page a été officiellement dépubliée par Facebook le 11 février 2023, Facebook m’a présenté ses excuses, une plainte a été déposée auprès du FBI aux Etats-Unis et des investigations sont en cours au sein de Facebook pour savoir ce qui s’est passé. RSF ne le savait certainement pas. Or ils avaient déjà été manipulés à ce stade.

La désinformation et la manipulation RSF vont plus loin. Le 9 février 2023, un autre texte où ils parlent de l’exploitation des téléphones est publié. RSF écrit : « Autre nouvelle preuve accablante, toujours selon des sources très proches de l’enquête, les traces d’un paiement de 35 millions de francs CFA (environ 53 000 euros) qu’aurait fait parvenir Jean-Pierre Amougou Belinga à Justin Danwe auraient été repérées. Ces fonds auraient transité via le compte du colonel Etoundi Nsoé, ancien commandant de la garde présidentielle et responsable officieux de la sécurité privée de l’homme d’affaires dont il est également le beau-père ». Des accusations très graves. Or, ce paiement n’a jamais prouvé. Aucune trace à ce jour, du moindre document l’attestant. A l’enquête préliminaire, Etoundi Nsoe a été simplement élargi. Dossier classé.

FICTION

Toujours le 9 février 2023, RSF écrit : « Les enquêteurs affirment avoir mis la main sur plusieurs preuves de paiements effectués par le clan Belinga – allant de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros – dans le but de discréditer les informations lui étant défavorables, de le réhabiliter ou de créer des diversions pour influencer l’enquête ou l’opinion publique ». Le seul serveur récupéré par les enquêteurs est le serveur de l’immeuble Ekang qui contient les images des caméras de surveillance et qui ont été visionnées y compris par tous les avocats. Cette fameuse liste n’a jamais existé.

Chez les avocats, c’est la colère. Un des enquêteurs de la commission-mixte indique : « la désinformation et la manipulation de Reporters Sans Frontières nous a fait perdre beaucoup de temps ». L’un des avocats des Jean Pierre Amougou Belinga fait savoir que : « Les fameuses auditions de RSF ne figurent nulle part dans la procédure à laquelle nous sommes partie prenante. On ne sait pas où ils ont ramassé ces salades ». L’avocat de Justin DANWE, après avoir indiqué qu’il n’a pas connaissance de ce fameux procès-verbal de RSF, ajoute : « Je ne sais pas où ces gens (RSF) ont pris cette affaire ».

Un haut gradé de l’armée qui a eu accès au travail de la commission, contacté, affirme : « Ne me perdez pas le temps avec ces gens. C’était de la fiction ».
Cependant, une question essentielle mérite d’être posée : Qui avait intérêt à transmettre un faux procès-verbal à RSF et à influencer le déroulement de l’enquête ? Qui a tué Martinez Zogo ? Le sang de Martinez Zogo est amer. A suivre …

Boris Bertolt