« Ceux qui nous dirigent ont t’ils un cœur ? »
Dans une déclaration poignante publiée le 19 novembre 2024, Maurice Kamto, président national du Mouvement pour la Réconciliation et le Changement (MRC), a exprimé sa profonde inquiétude et son indignation face au silence assourdissant des autorités camerounaises suite à l’enlèvement du sous-préfet d’Idabato, M. Roland Ewane, survenu dans la nuit du 1er au 2 octobre 2024.
M. Ewane, enlevé par des assaillants armés alors qu’il exerçait ses fonctions dans une zone de conflit, a été emmené vers une destination inconnue. Depuis cet incident tragique, la famille du sous-préfet a dû affronter non seulement l’angoisse de son sort mais également l’indifférence apparente des autorités de l’État, qui se sont contentées de rester muettes face à cette situation. Un silence que Maurice Kamto qualifie « d’nacceptable » dénonçant la méconnaissance totale de la souffrance humaine par les dirigeants du pays.
Un manque de compassion flagrant
Dans son intervention, Kamto déplore le fait que, plus de six semaines après l’enlèvement, aucune initiative sérieuse n’a été prise par le gouvernement pour localiser M. Ewane ou pour négocier sa libération. Le président Paul Biya, selon Kamto, n’a « même pas jugé nécessaire d’envoyer un message de soutien à la famille du sous-préfet ou de recevoir son épouse en détresse.»
“Ceux qui nous dirigent ont-ils un cœur ?”, s’interroge le juriste qui dénonce au passage l’absence totale de réaction de la part des plus hautes autorités de l’État, qui, pour leur part, ont été rapides à recevoir des diplomates étrangers mais se sont montrées sourdes au drame humain d’un fonctionnaire de l’État.
Le président du MRC va plus loin en rappelant que le sous-préfet Roland Ewane était un serviteur de l’État travaillant dans une zone de guerre, où son engagement dans le service public relevait d’un acte de bravoure. Un engagement qui, selon lui, mérite bien plus que l’indifférence des responsables politiques et administratifs du pays.
Des réponses désinvoltes et une hiérarchie déconnectée
Le Gouverneur de la région du Sud-Ouest, dans un discours avait dans les jours qui suivirent l’enlèvement, menacé les ravisseurs de représailles, sans pourtant entreprendre d’actions concrètes pour résoudre la situation. La famille du sous-préfet, dans sa quête de soutien, a également été confrontée à un système bureaucratique insensible. L’épouse de M. Ewane, après avoir essuyé des refus et des paroles de consolation vides de sens de la part des autorités locales, a fait le déplacement jusqu’à Yaoundé pour rencontrer le Premier ministre. Là encore, elle a été confrontée la même réponse.
Kamto critique sévèrement cette attitude, qu’il juge aussi « inhumaine qu’inefficace » . Selon lui, un gouvernement doit être « capable de combiner raison et compassion, en particulier lorsqu’il s’agit de défendre ses représentants et de soutenir les familles des victimes dans des situations aussi dramatiques » .
Une situation qui appelle une prise de conscience
La situation de M. Ewane soulève des questions fondamentales sur la gouvernance au Cameroun. Le second à l’élection présidentielle 2018 s’interroge : « comment un représentant de l’État peut-il être enlevé, torturé, et possiblement tué, sans que le gouvernement ne montre une quelconque émotion ou solidarité envers sa famille ? ».
Selon lui, si cette tragédie venait à se confirmer, ce serait une lourde faute pour l’État et ses dirigeants. Enfin, il adresse ses pensées de solidarité à la famille du sous-préfet, notamment à son épouse et ses enfants, dans cette épreuve inimaginable. Il réaffirme que la politique ne doit jamais être détachée de la dimension humaine. “On ne cherche pas à diriger les gens si on ne les aime pas”, conclut-il.
Afrik Inform ☑️