L’hôtel Mont Fébé de Yaoundé a été le témoin de la deuxième édition de la plateforme nationale de concertation permanente entre ELECAM et les autres acteurs du processus électoral. À cette occasion, des journalistes étaient également présents. Ce moment d’échange a permis de faire le point sur les avancées du processus électoral et d’aborder les préoccupations des différents partis et acteurs impliqués.
La concertation a cependant été marquée par l’absence du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), un parti politique de l’opposition. Les débats ont été axés sur diverses questions liées au processus électoral, mais c’est la question des 120 000 électeurs retirés des listes en raison de non-conformité des empreintes digitales qui a suscité des échanges particulièrement vifs.
La question des 120 000 électeurs
Le journaliste Jean-Marie Anaba de Royal FM a interrogé Eric Essousse, le directeur général d’ELECAM, sur cette situation. Il a rappelé qu’à un moment donné, le MRC avait boycotté une émission télévisée prévue pour discuter avec ELECAM, justifiant cette absence par le fait que l’organe électoral n’avait pas pris en compte ses préoccupations concernant les manipulations frauduleuses des listes électorales.
Sur cette question, Eric Essousse a été clair et a expliqué : « La commission d’inscription sur les listes électorales est inclusive. Cette commission comprend tous les partis politiques, y compris le MRC, ainsi que l’administration et la société civile. » Il a également précisé que les problèmes liés aux empreintes digitales ne sont pas nouveaux, car certains électeurs, notamment des cultivateurs ou des personnes handicapées, peuvent rencontrer des difficultés liées à l’usure des empreintes. Toutefois, le DG d’ELECAM a rassuré en affirmant que ce problème avait été sérieusement analysé au sein du Conseil électoral et de la direction générale d’ELECAM. « Toutes ces personnes seront prises en compte et maintenues dans les listes de décembre 2024 », a-t-il ajouté.
Une victoire pour le MRC
Pour certains observateurs, cette annonce représente une victoire pour le MRC. En effet, Maurice Kamto, président du parti, avait auparavant dénoncé la suppression injustifiée des 120 000 électeurs des listes électorales. Dans une déclaration solennelle, Kamto avait critiqué le Directeur Général d’ELECAM pour avoir pris la décision de retirer ces électeurs, arguant que la raison invoquée : l’absence d’empreintes biométriques était infondée. Selon lui, aucune structure départementale d’ELECAM n’avait certifié ce problème.
Le leader du MRC avait également souligné qu’en cas de difficultés liées à l’enregistrement des électeurs, il aurait suffi de dresser une liste des personnes concernées et de les inviter à régulariser leur inscription dans les délais légaux.
Maurice Kamto avait dénoncé ce qu’il appelle « une manœuvre frauduleuse » orchestrée par ELECAM, en collaboration avec ses partenaires techniques allemands, GIESECKE & DEVRIENT et VERIDOS. Selon lui, les chiffres publiés par ELECAM ne résultaient pas d’un processus transparent, mais étaient manipulés dans un « laboratoire noir » pour altérer les résultats électoraux. En outre, Kamto a attiré l’attention sur la disparition inexpliquée des noms de nombreux électeurs handicapés, alimentant ainsi les soupçons de manipulation pour favoriser certains segments de la population.
Enfin, Maurice Kamto avait appelé les responsables d’ELECAM et les membres du Conseil électoral à cesser de jouer avec les droits et la patience des Camerounais. Il a insisté sur la nécessité de respecter les droits des citoyens et de garantir un processus électoral transparent et crédible, loin des manipulations.
La décision d’ELECAM : un signe d’ouverture ?
La décision d’ELECAM de réintégrer les électeurs dont les empreintes avaient posé problème semble être un signe d’ouverture de l’organe électoral. Selon plusieurs analystes, cette décision vise à apaiser les tensions à l’approche des échéances électorales de 2025 et à éviter de nouvelles controverses.
Il est plus que jamais impératif que toutes les parties prenantes du processus électoral se concentrent sur l’harmonisation et la transparence afin que le spectacle chaotique des élections de 2018 ne se reproduise plus. Le Cameroun doit, à tout prix, comme il est de coutume, garantir un processus électoral crédible, impartial et respectueux des droits de tous les citoyens.
Constantin GONNANG, Afrik Inform ☑️