S’appuyant sur le fait que le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) n’a toujours pas tenu son congrès pour désigner un successeur au président sortant Paul Biya, Léon Theiller Onana, militant du parti et élu du peuple, déclare sa candidature à la magistrature suprême. Dans un communiqué solennel, il appelle à une refondation nationale et se positionne comme la voix d’une génération en quête de rupture et de réconciliation.
Une candidature dans l’urgence, face à un vide statutaire
Dans un communiqué officiel daté du 2 juillet 2025, Léon Theiller Onana, présenté comme militant actif du RDPC, annonce sa candidature à l’élection présidentielle à venir. Il justifie son engagement par l’urgence d’un contexte politique où « l’imminence de la convocation du corps électoral » oblige, selon lui, à présenter « un nouveau visage » au sein du parti au pouvoir.
Il souligne notamment que « l’ancien président national du parti, Paul Biya », ne peut plus, à ses yeux, faire » acte de candidature en raison des limitations statutaires ».Si Léon Theiller Onana reste formellement dans les rangs du RDPC, son discours s’apparente à un réquisitoire en règle contre le système en place.
Il évoque « quarante-trois années de confiscation des ressources communes par une petite minorité de citoyens appartenant, malheureusement, à notre formation politique ». Une prise de position inhabituelle, presque dissidente, dans un parti réputé pour sa discipline interne et son culte de la hiérarchie.
Il dénonce également un climat social dégradé, où « le chômage, la pauvreté galopante et l’oubli de nos valeurs fondamentales ont étouffé notre nation », tout en accusant certains anciens leaders moraux d’avoir « déserté le champ de la contestation », séduits par « les prébendes et leur fort pouvoir addictif ».
Une vision de rupture et de réconciliation
Se définissant comme un « fils de ce pays et élu du peuple », Léon Theiller Onana ambitionne d’incarner une alternative. « Je veux être la voix de ceux, nombreux, que la République a laissés sur le bord du chemin », affirme-t-il, citant notamment les exclus du système, les oubliés, les victimes d’injustices structurelles.
Dans sa déclaration, il prône la réconciliation nationale, le rejet de toute forme d’instrumentalisation des identités et le retour à la méritocratie. Il appelle à l’unité au sein d’un « vivre et manger ensemble », formule qui vise clairement les pratiques clientélistes et les fractures communautaires exacerbées ces dernières années. « Nous devons restaurer la confiance entre gouvernants et gouvernés par la transparence et la justice, et repenser notre modèle de gouvernance sur l’humilité, l’équité et un patriotisme à toute épreuve».
Refonder, relancer, réconcilier
Son projet se veut global : refondation morale, résolution des crises sécuritaires, relance économique et modernisation des infrastructures. Il insiste sur la nécessité pour « chaque Camerounais [de] profiter à part égale des richesses de notre nation », insistant sur une redistribution équitable et une gouvernance « vertueuse ». « Le temps est venu pour une gouvernance vertueuse, où les dirigeants serviront le peuple au lieu de se servir », dit t’il.
Une offensive qui bouleverse les lignes internes du RDPC
Cette candidature, portée au nom du RDPC mais contre une partie de son système, ouvre une brèche inédite dans la structure du parti présidentiel. En appelant directement les militants à se mobiliser sans attendre la tenue d’un congrès, Léon Theiller Onana interpelle la jeunesse du parti et tente de créer un élan en dehors des circuits officiels. « Je lance un appel solennel à toutes les Camerounaises et tous les Camerounais, à la jeunesse du RDPC et d’ailleurs, à se lever, à unir nos forces et à faire entendre haut et fort notre voix » .
Son ton se veut résolument inclusif, fédérateur et anti-fataliste. Il évoque même la promesse d’un « Cameroun qui tutoie son lustre d’antan », tout en s’en prenant symboliquement aux « Prados, fussent-elles noires ou blanches », formule cryptique qui pourrait être interprétée comme une critique d’un certain pouvoir de façade ou d’apparat.
Une candidature qui questionne la succession de Paul Biya
À moins de quatre mois de l’élection présidentielle, l’initiative de Léon Theiller Onana vient bousculer le calendrier tacite du RDPC. Aucun congrès n’a encore été convoqué, et aucune désignation officielle de candidat n’a été faite au sein du parti.
Cette prise de parole publique et cette auto-désignation posent ainsi plusieurs questions : le RDPC va-t-il entériner cette candidature dissidente ou l’écarter premièrement et deuxièmement, esqu’une fronde interne peut naître autour de cette figure ?
En s’exposant ainsi, Léon Theiller Onana prend un pari audacieux, dans un paysage politique compliqué. Il compte visiblement sur l’effet de saturation du discours ancien, sur la fatigue populaire et sur la soif d’une parole neuve pour créer la surprise.
Reste à savoir si cette parole, aussi portée soit-elle par des idéaux de refondation, pourra s’imposer dans les arènes politiques du Cameroun, sans le soutien formel du sommet du parti.À suivre…..
Afrik inform ☑️
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