La stupeur et l’indignation règnent au Cameroun après le verdict rendu par le Tribunal de grande instance de Bonanjo, ce 1er avril 2025, dans l’affaire du féminicide de Diane Yangwo. Son époux et bourreau, Bekobe Éric, a été condamné à cinq ans de prison avec sursis et une amende de seulement 52 000 francs CFA.
Un verdict qui semble « incompréhensible » et qui permet à l’homme de recouvrer la liberté après seulement 16 mois passés à la prison de New-Bell.
La douleur de la famille et des proches de la victime est indescriptible, tandis que la société tout entière s’interroge sur le sens même de la justice.
Une mort brutale et insupportable
Le 18 novembre 2023 restera un jour sombre. Diane Yangwo, enseignante d’anglais au lycée bilingue de Nylon Ndogpassi, a perdu la vie après avoir été violemment battue par son mari. Devant des témoins impuissants, elle a enduré des coups qui lui ont été fatals.
L’autopsie, aurait révélée qu’elle est « morte des suites de violence physique compliquée d’hémorragie interne abdominale ». Malgré la brutalité des faits, la justice a choisi une sentence qui sonne comme une trahison pour la mémoire de Diane et un affront à toutes les victimes de violences conjugales.
Le 4 février 2025, Bekobe Éric plaidait » coupable » devant la cour, reconnaissant ainsi son acte. Pourtant, la peine prononcée choque par sa légèreté. Ce jugement a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et dans la société civile.
Flavienne Tchatat, actrice exprime son incompréhension et sa colère : « Un jugement pareil face à une famille meurtrie qui ne réalise même pas encore le départ éternel de leur fille, c’est trop dur » déclare t’elle. De son côté, Minyem Gweth est profondément révoltée « Bravo pour cette justice qui nous encourage à ne pas nous rendre justice nous-mêmes. Que dire aux enfants de cette femme ? À sa famille ? À ses élèves qui l’ont pleuré ? Voilà le futur bourreau de nos sœurs, tantes et amies qui est désormais libre », a t’il écrit sur sa page Facebook.
Sarial Ndassi, quant à lui s’adresse directement à la juge ayant prononcé ce verdict :« Madame la juge, j’espère que vous n’avez pas accouché de filles, auquel cas mon souhait serait que le karma de Diane Yangwo arrive à l’une des vôtres et qu’un juge libère son bourreau après seulement 16 mois de prison ».
Une justice qui échoue à protéger les victimes ?
Ce jugement vient raviver un débat douloureux sur l’impunité des violences faites aux femmes au Cameroun. Cette affaire rappelle tristement celle de Fouelefack Christian, enseignant cité également dans une affaire de féminicide à Dschang, sauf que dans son cas , rien jusqu’à présent ne prouve sa culpabilité et l’affaire est toujours pendante devant les juridictions compétentes.
Combien d’autres cas similaires devront encore endeuiller les familles ? Les proches de Diane Yangwo, inconsolables, réclament justice. Ils ne comprennent pas comment un homme qui a tué son épouse à mains nues peut échapper à une peine ferme.
Leur douleur est amplifiée par cette décision qui, pour eux, sonne comme une négation de la vie de Diane, de son rôle de mère, d’enseignante et de fille bien-aimée. L’affaire Diane Yangwo est bien plus qu’un fait divers tragique, elle envoie un message dangereux.
Pour Diane et pour toutes celles qui souffrent en silence, une question demeure : la justice se lèvera-t-elle enfin pour protéger les femmes ?
Afrik inform ☑️