Cameroun| Présidentielle 2025 : L’UPC, à l’épreuve de ses divisions.

Il n’aura suffi que d’une journée, le 10 avril, pour transformer une ambition politique en un profond désaccord. Ce jour-là, le Comité Directeur de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) a désigné Yamb Ntimba Dominique comme candidat officiel à la présidentielle d’octobre 2025. Un choix qui, loin de faire consensus, révèle une fracture persistante au sein du parti historique.

Réuni en session ordinaire à Yaoundé sous la houlette de Rose Ndjieu She, le comité a entériné cette décision après adoption du programme politique du parti. Yamb Ntimba, peu exposé médiatiquement mais décrit comme un cadre « rigoureux » et « engagé pour la décentralisation », est désormais investi porteur de l’étendard de l’UPC. Il devra incarner, selon les mots du communiqué, « un nouveau souffle dans le paysage politique national ».

« Ceci est absolument faux !! »

Mais à peine la fumée blanche s’est-elle dissipée qu’une voix dissonante a fait irruption, celle du Pr Jean Bahebeck, qui jusque-là apparaissait publiquement comme le favori logique du parti et le candidat désigné. « Ceci est absolument faux ! Ne vous laissez pas berner ! » s’est-il indigné sur ses plateformes de communication.

L’universitaire, qui avait même déjà été reçu dans l’émission RDV 2025 sur Canal 2 International comme prétendant à la magistrature suprême, conteste vigoureusement le processus. D’après ses affirmations, Yamb Ntimba n’aurait récolté que six votes sur trente-quatre, soit 17,64 %.

Plus grave encore, il affirme que ce dernier « n’a jamais été militant de l’UPC » : « Ce monsieur a été amené du quartier dans le but de nuire à ma candidature ». Selon Bahebeck, c’est lui-même qui aurait recommandé son intégration provisoire dans les structures du parti à Douala 2e, sans jamais envisager une telle ascension.

Des accusations lourdes contre le comité Directeur

Il va plus loin, accusant certains membres du Comité – dont Sylvestre Nyeck Neyck, Ikang Pascal Soho Serge, Rose Ndjieu She et Mbombok Onana Victor d’avoir « quitté la séance face à la perspective de défaite pour se précipiter signer le document qu’ils ont ensuite publié ».

Ce double discours, entre légitimation interne et contestation virulente, vient confirmer ce que de nombreux observateurs murmurent depuis des mois : l’UPC, loin d’unité, est aujourd’hui traversée par de multiples lignes de fracture.

Factions régionales, conflits d’influence, candidatures imposées ou désavouées… Le parti semble en perpétuelle recomposition, incapable de parler d’une seule voix à la veille d’un scrutin crucial.

Pendant que Dominique Yamb Ntimba tente d’installer sa légitimité dans un silence pesant, l’écho des accusations de Bahebeck continue de troubler la lecture politique de cette investiture. Dans un contexte où les électeurs attendent clarté et cohérence, l’UPC donne plutôt l’image d’une maison sans arbitre, où chaque camp revendique la légitimité.

Et si la véritable épreuve ne résidait pas tant dans la conquête des voix que dans la survie d’un héritage politique en pleine fragmentation ?

Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️
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