Cameroun| Présidentielle 2025 : Paul Atanga Nji hausse le ton : « L’attitude irresponsable et arrogante du candidat Issa Tchiroma Bakary sera traitée avec rigueur et fermeté »

« Toute tentative de déclaration de résultats à l’élection présidentielle sera considérée par le MINAT comme un crime et sera sanctionnée comme tel ». Cette mise en garde, Paul Atanga Nji l’a répétée à maintes reprises avant le scrutin du 12 octobre. En s’autoproclamant vainqueur de l’élection, le candidat Issa Tchiroma Bakary a donc franchi la ligne rouge. Dans un communiqué de presse au ton ferme, le Ministre de l’Administration Territoriale condamne « l’imposture » du leader du FSNC, accusé de vouloir « mettre le Cameroun à feu et à sang » avec la complicité de « réseaux occultes ». Une réaction qui place désormais le débat post-électoral sur un terrain judiciaire et sécuritaire.

Yaoundé, 14 octobre 2025. La riposte gouvernementale ne s’est pas fait attendre. Moins de 24 heures après la diffusion d’une vidéo dans laquelle Issa Tchiroma Bakary revendique une « victoire écrasante » à la présidentielle, le Ministre de l’Administration Territoriale, Paul Atanga Nji, a publié un communiqué de presse d’une rare sévérité.

Le ton est tranchant, la colère palpable : « Le candidat Issa Tchiroma Bakary a diffusé un message enregistré dans lequel il s’est auto-proclamé vainqueur du scrutin présidentiel. Le MINAT dénonce et condamne avec la plus grande fermeté cette imposture. »

Une escalade verbale qui pourrait annoncer des poursuites

Dans son texte, le membre du gouvernement qualifie le candidat du FSNC d’« irresponsable » et « aux abois », l’accusant d’avoir « été incapable de se faire représenter dans la moitié des bureaux de vote ». Plus grave encore, il évoque une « démarche conspirationniste et anti-républicaine », appuyée selon lui par « des réseaux occultes au pays et à l’étranger » visant à « perturber le processus électoral » et à « semer le chaos ».

Des mots durs, qui résonnent comme une mise en demeure. Dans les cercles politiques, plusieurs observateurs y voient les prémices d’une possible ouverture d’enquête judiciaire comme avec Maurice Kamto en 2018. Le communiqué du MINAT, en rappelant que « force restera à la loi », laisse planer l’ombre d’éventuelles poursuites contre l’ancien ministre de la Communication.

Le gouvernement campe sur la légalité

Paul Atanga Nji, qui agit en qualité d’agent du gouvernement dans le processus électoral, réaffirme que seul le Conseil constitutionnel est habilité à « arrêter et proclamer les résultats du scrutin présidentiel », conformément à l’article 137 du Code électoral.
Le ministre salue également le rôle d’ELECAM et des observateurs nationaux et internationaux, dont il précise le nombre exact — 5 575 déployés dans les dix régions du pays —, et qui, selon lui, ont constaté que « le scrutin s’est déroulé sans incident majeur ».

Entre fermeté et avertissement

La déclaration du MINAT ne se limite pas à un rappel à l’ordre : elle s’apparente à un véritable avertissement adressé à tous les acteurs politiques. En évoquant les précédents de 1992 et 2018, où des candidats avaient déjà tenté de s’autoproclamer vainqueurs, Paul Atanga Nji entend rappeler la constance du pouvoir dans sa gestion des crises post-électorales.
Le passage le plus marquant du communiqué est sans doute celui où il invoque les paroles du président Paul Biya : « Il ne faut pas jouer avec le Cameroun ».

Cette citation, placée en conclusion du texte, sonne comme une ligne rouge réaffirmée : toute remise en cause de l’ordre public ou de la légitimité des institutions sera réprimée.

Un bras de fer politique sous tension

Pour de nombreux analystes, cette sortie du MINAT marque un tournant dans la séquence post-électorale. En s’attaquant frontalement à un candidat qui fut autrefois ministre et allié du régime, le gouvernement envoie un signal de fermeté destiné à décourager toute tentative de contestation parallèle des résultats.

À ce stade, aucune mesure coercitive n’a été annoncée, mais la phrase du ministre — « sera traitée le moment venu avec rigueur et fermeté » — nourrit les spéculations sur une possible arrestation ou interdiction de mouvement visant Issa Tchiroma Bakary.

Alors que la Commission nationale de recensement général des votes s’apprête à remettre son rapport, l’enjeu dépasse désormais le cadre d’un simple différend politique. Il s’agit d’une bataille pour le contrôle du récit électoral, dans un climat où chaque mot, chaque déclaration, peut faire basculer la tension d’un camp à l’autre.


En savoir plus sur Afrik-Inform

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Afrik inform Afrik inform Afrik-inform Afrikinform Afrikinform
Afrik inform Afrik inform Afrik-inform Afrikinform Afrikinform