Cameroun | Présidentielle 2025 : “Toute tentative de publier des résultats sera considérée comme un acte de haute trahison” — Paul Atanga Nji met en garde à la veille du scrutin

Sous une pluie battante qui s’abattait sur Yaoundé ce vendredi 10 octobre, la salle de conférences du ministère de l’Administration territoriale a peiné à contenir le flot de journalistes venus assister au point de presse du ministre Paul Atanga Nji. À vingt-quatre heures de la clôture de la campagne présidentielle, l’atmosphère était lourde, à la fois électrique et solennelle. Le ton du ministre, lui, ne laissait place à aucune ambiguïté : le temps de la récréation est terminé.

Une mise au point musclée à la veille du vote

« On a laissé chacun dire ce qu’il veut, proférer les menaces qu’il veut, c’était la campagne. Dès dimanche, la campagne est terminée. L’État reprend sa force et sa puissance » , a lancé le MINAT d’une voix ferme. Devant les caméras, il a tenu à rappeler les fondements républicains du processus électoral, tout en dénonçant les dérives observées ces dernières semaines.

S’il a salué la liberté d’expression dont ont bénéficié les candidats pendant la campagne, Paul Atanga Nji a regretté “le non-respect de certaines obligations légales”, notamment le dépôt tardif, voire inexistant, des programmes de campagne auprès des autorités administratives. Selon lui, cette indulgence — “recommandée par le chef de l’État” — ne doit pas être interprétée comme une faiblesse de l’administration, encore moins comme une ouverture à l’anarchie.

“Des plateformes criminelles et diaboliques”

Mais c’est surtout la question des plateformes numériques se réclamant d’initiatives citoyennes de comptage des voix qui a retenu l’attention. Le ministre a qualifié ces pratiques de “criminelles, diaboliques et dangereuses”, rappelant que seul le Conseil constitutionnel est habilité à proclamer les résultats de l’élection présidentielle. « Toute tentative de publier des résultats de manière unilatérale sera considérée comme un acte de haute trahison », a-t-il martelé, provoquant un silence pesant dans la salle.

« Nous irons le pêcher chez lui »

Dans un ton à la fois métaphorique et menaçant, Paul Atanga Nji a également fait allusion à un candidat qui aurait prévu de “terminer la campagne dans sa région d’origine” pour ensuite “se cacher dans sa maison et se proclamer vainqueur”. « Ses portes ne sont pas blindées. L’administration ira le pêcher chez lui s’il tente. La récréation se termine avec la campagne à partir du 12 octobre, et le soir, plus de tolérance pour la récréation », a-t-il averti.

Le message était clair : le gouvernement ne tolérera aucune proclamation parallèle ni tentative de perturbation du processus électoral. “L’État est un monstre froid, sans état d’âme, qui écrase tout ce qui est tordu sur son passage”, a poursuivi le ministre, avant de conclure, dans un ton mi-sérieux mi-ironique : « S’il y a un match de football Coton Sport de Garoua contre le Real Madrid, vous pensez que qui va gagner ? Faisons très attention, parce que quand on est dans le village de ‘si je savais’, c’est déjà trop tard ». 

Tension et joutes verbales avec la presse

La tension est montée d’un léger cran lorsque le journaliste Rodrigue Tongué a interpellé le ministre sur la fameuse “task force de Garoua” évoquée dans son propos. “Est-ce que vous parlez de Tchiroma sans pouvoir l’assumer, par crainte ?” a-t-il lancé, suscitant quelques rires dans la salle. Le MINAT, impassible, a répondu : « Je n’ai pas parlé d’un candidat retranché dans sa résidence. J’ai dit ‘un candidat qui va se retrancher’. J’emploie beaucoup la métaphore, beaucoup la caricature — et chacun se retrouve dans mes propos » . 

Face aux insinuations selon lesquelles il connaîtrait déjà le vainqueur du scrutin, Atanga Nji a répliqué calmement : « Le MINAT ne peut pas dire qui va gagner l’élection. Ce n’est pas mon rôle. Mais je peux vous dire, arrondissement par arrondissement, qui a fait campagne où. J’ai la carte électorale. Ce n’est pas moi qui ai dit que le Cameroun a l’opposition la plus bête du monde » . 

“L’imposture n’a pas de place au Cameroun”

Au terme de plus d’une heure d’échanges, le ministre a réitéré son appel au calme et au respect des institutions, invitant les candidats à utiliser les voies légales pour toute contestation post-électorale. « Le statut de candidat ne confère aucune immunité. L’imposture n’a pas de place au Cameroun », a-t-il tranché.

À la sortie, la pluie s’était tue, mais la tension, elle, n’avait pas faibli. Dans les couloirs du Ministère de l’Administration territoriale, chacun semblait avoir compris le message : la parenthèse démocratique de la campagne se referme, et l’État s’apprête à redevenir ce qu’il dit être — un “monstre froid”.


En savoir plus sur Afrik-Inform

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Afrik inform Afrik inform Afrik-inform Afrikinform Afrikinform
Afrik inform Afrik inform Afrik-inform Afrikinform Afrikinform