Cameroun: Bamboutos verse des « miettes

Contactés par Afrik Inform, certains des dix joueurs qui réclamaient des salaires impayés au vice-champion du Cameroun affirment avoir reçu de leur ancien employeur, des sommes largement inférieures à ce qu’il leur devait. Les victimes disent avoir accepté juste pour ne pas priver le club de sa première participation à une coupe africaine, notamment la Coupe de la Confédération.

Face à la presse le 27 juillet 2023, Bamboutos FC de Mbouda s’est vanté d’avoir payé tous les arriérés de salaires dus à dix de ses anciens joueurs, brandissant un registre contenant les décharges faites par ceux-ci, pour encaisser leurs dus. Si les victimes ont bel et bien signé ce document, ce n’est pas parce qu’elles sont entrées en possession de tous leur argent. Elles ne l’ont fait que pour ne pas priver le club de sa première participation à une compétition africaine, la Coupe de la Confédération en l’occurrence.

En réalité, le club aux millions de supporters n’a versé que des sommes symboliques aux concernés. « Ça n’atteint pas 50% de ce qu’ils me doivent », confie un joueur, qui a requis l’anonymat. « Personne parmi nous n’a reçu tout son argent. On a accepté juste parce qu’on ne voulait pas les bloquer », ajoute-t-il. Des déclarations que confirment son ancien coéquipier assis à côté de lui, mais moins bavard, et visiblement agacé à l’idée de reparler de son différend avec Bamboutos.

Un mauvais arrangement, au lieu d’un bon procès

« Cette affaire est compliquée, je ne veux pas entrer dans le problème entre Bamboutos et la FECAFOOT, ça risque de me poser des problèmes », craint un troisième joueur. « On a trouvé un accord, ils nous ont donné ce qu’ils pouvaient », affirme un quatrième. « Oui, ils ont donné mon reste de salaires de la saison dernière », tranche un cinquième joueur, sans tout autre commentaire. Déclaration quasi-similaire pour le sixième joueur que nous avons contacté, qui s’est lui aussi montré moins bavard.

Selon nos investigations, il y a eu des éclats de voix de part et d’autre, au cours des négociations. « Ces gars sont malhonnêtes et méchants », affirme le joueur numéro 2, visiblement exaspéré. « Des gens viennent vous demander de l’aide, mais ils sont arrogants », s’offusque-t-il. Des six joueurs avec lesquels nous avons discuté, il transparait un sentiment commun : une envie de tourner définitivement la page Bamboutos de leur vie. C’est la raison pour laquelle ils ont opté pour un mauvais arrangement, plutôt qu’un bon procès.

D’autres salaires impayés en suspens

En dehors des dix anciens joueurs « désintéressés », les Mangwa Boys doivent également des arriérés de salaires de la saison dernière à d’autres athlètes. « Il y a une autre plainte contre eux au SYNAFOC (Syndicat national des footballeurs camerounais, NDLR) », révèle une source. C’est ce même SYNAFOC qui a fait la médiation lors des négociations avec les dix joueurs cités ci-dessus. Lesquelles négociations ont eu lieu du 3 au 6 juillet dernier, au siège de l’organisation, à Douala.

Le « fils unique » a entrepris de négocier avec ses créanciers après que la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) a refusé de lui octroyer la licence CAF (Confédération africaine de football), indispensable pour participer à la Coupe de la Confédération. Les raisons mises en avant par la FECAFOOT sont non seulement les arriérés de salaires dus aux joueurs, mais aussi le fait que le club ne dispose pas d’équipes jeunes. Conséquence : Bamboutos ne figure pas dans la liste des 52 clubs qui participeront aux préliminaires de la compétition continentale.

La Coupe de la Confédération s’éloigne

Le deal signé par Bamboutos avec ses dix anciens joueurs aurait pu être validé, a affirmé le porte-parole du président de la FECAFOOT, lors de l’interview accordée à Canal 2 le 23 juillet. « Malheureusement », il est intervenu « tard », a ajouté Ernest Obama. S’agissant du défaut d’équipes jeunes, le club dit avoir une, avec laquelle il a disputé trois éditions de l’Easter Cup, le tournoi réservé aux centres de formation, organisé par l’Ecole de football Boissons du Cameroun chaque année, pendant les vacances de pâques.

Quoi qu’il en soit, les responsables de l’équipe rouge-bleu ont révélé avoir fait appel auprès de la CAF. Ils ont ajouté qu’ils pourraient avoir une issue favorable le vendredi 28 juillet 2023. Mais huit jours plus tard, la situation n’a toujours pas évolué. « Les espoirs s’amenuisent », a avoué le président délégué de Bamboutos, Dechateau Kamdoum, samedi dernier. A deux semaines du premier tour des éliminatoires des coupes africaines interclubs, il est très peu probable que la CAF fasse machine arrière.