Invité de l’émission Droit dans les yeux sur CANAL+SPORT 1, Samuel Eto’o a, comme à son habitude, livré une interview sans concession. Face à Claude Le Roy, l’ancien capitaine des Lions Indomptables et actuel président de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot) a abordé plusieurs sujets brûlants : l’héritage du football camerounais, le rôle des compétitions locales, la formation des jeunes, ainsi que les ambitions du Cameroun sur la scène internationale.
Avec son franc-parler, il n’a éludé aucune question, affirmant sa volonté de faire progresser le football national tout en défendant ses valeurs.
« Le football camerounais fera toujours peur »
Le Cameroun est une nation de football. Cinq fois champion d’Afrique, premier pays du continent à atteindre les quarts de finale d’une Coupe du Monde (1990), une équipe redoutée et respectée sur la scène internationale… Samuel Eto’o en est convaincu : cette réputation, bâtie sur des décennies de performances marquantes, ne disparaîtra pas.
« Le football camerounais fera toujours peur, déjà par son histoire, et ensuite parce que nous avons de grands joueurs. Il est vrai que nous avons connu une période difficile, mais depuis quelques années, nous revenons très bien. Je souhaite vraiment que les résultats du passé soient loin derrière nous et que l’équipe nationale ainsi que le football camerounais continuent à grandir ».
Pour l’ancien buteur du FC Barcelone et de l’Inter Milan, la dynamique enclenchée par la Fecafoot doit permettre au Cameroun de retrouver les sommets. Mais cette ambition passe par un travail en profondeur, notamment au niveau des compétitions locales et de la formation des jeunes.
« J’aime gagner, mais je ne veux pas tricher pour gagner »
Si Samuel Eto’o est un compétiteur dans l’âme, il refuse toute compromission. Lorsqu’il revient sur l’élimination récente d’une sélection camerounaise, sa déception est palpable. Mais au-delà du résultat, c’est la manière qui compte pour lui.
« Nous avons manqué notre qualification. J’étais triste, car il y a eu de l’arbitrage à l’africaine, mais ce n’est pas grave. Comme je l’ai dit au sélectionneur, le plus important pour moi est d’avoir de la stabilité à ce niveau-là. J’aime gagner, mais je ne veux pas tricher pour gagner, car je n’ai jamais triché pour gagner»
Cette déclaration, montre une fois de plus que Samuel Eto’o veut insuffler une culture de la gagne basée sur le mérite. Un message fort envoyé aux joueurs, aux entraîneurs et aux supporters : le Cameroun doit redevenir une nation victorieuse, mais sans jamais bafouer ses principes.
Les U17, les U20 et le football féminin : la priorité absolue
Si Samuel Eto’o suit de près les performances des Lions Indomptables, il avoue avoir une affection particulière pour les équipes de jeunes et les sélections féminines. Pour lui, ces catégories représentent l’avenir du football camerounais et doivent recevoir une attention particulière.
« Nous continuons à travailler, nous avons poussé le football féminin, mais les U17 et les U20 sont ma véritable raison d’être à la Fédération. Je ne veux pas dire que je n’aime pas les autres catégories, mais les U17, les U20 et les équipes féminines font ma fierté»
Convaincu que l’avenir du Cameroun passe par une base solide, Eto’o met un point d’honneur à donner des moyens aux jeunes générations. Il cite notamment les sacrifices nécessaires pour permettre aux équipes féminines d’être compétitives à l’échelle continentale et mondiale.
« Hier encore [ avant-hier ndlr] j’échangeais avec un de mes collaborateurs, qui est actuellement à Addis-Abeba avec l’équipe. Je lui disais que, peu importe les moyens dont nous disposons, l’équipe ne doit pas ressentir nos éventuelles difficultés. Je suis convaincu que dans un avenir proche, l’une de nos sélections féminines parviendra à gagner un tournoi majeur»
Une promesse qui montre à quel point Samuel Eto’o veut marquer l’histoire non seulement avec l’équipe A, mais aussi avec les jeunes et les femmes, souvent laissés en second plan dans les fédérations africaines.
Au fil de l’interview, Samuel Eto’o a esquissé une vision ambitieuse et pragmatique pour le football camerounais. Développer les compétitions locales, renforcer les sélections de jeunes, structurer le football féminin et garantir une éthique sportive inébranlable : telles sont les lignes directrices de son mandat à la tête de la Fecafoot.
Entre fierté du passé, défis du présent et espoirs pour l’avenir, l’ancien Lion Indomptable ne cache pas son impatience de voir le Cameroun briller à nouveau sur la scène internationale.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️