Le 14 décembre, la scène politique sud-coréenne a pris une nouvelle trajectoire. Le Parlement, dans un mouvement historique, a adopté une motion de destitution à l’encontre du président Yoon Suk-yeol, suite à sa tentative infructueuse d’imposer la loi martiale le 3 décembre dernier.
Cet incident avait sidéré l’opinion publique sud-coréenne. En pleine nuit, Yoon, en quête de renforcer son pouvoir, avait imposé la loi martiale et déployé l’armée au Parlement, cherchant à en interdire l’accès aux députés. Une initiative qui, bien plus qu’un simple abus de pouvoir, sonnait comme un défi direct aux fondements mêmes de la démocratie sud-coréenne.
Un total de 204 députés ont voté en faveur de cette mesure radicale, contre 85 opposants. Trois élus ont préféré s’abstenir, tandis que huit voix se sont perdues dans les limbes des bulletins nuls, selon le président de l’Assemblée nationale. À l’annonce de ce résultat, des dizaines de milliers de manifestants rassemblés devant le Parlement ont explosé de joie. L’onde de choc était palpable à Séoul : près de 80% des citoyens sud-coréens appuyaient la destitution de Yoon après sa tentative de coup de force militaire raté.
Mais bien que ce vote ait marqué une étape importante, la crise politique, telle une mer agitée, semble loin d’être calmée. Désormais suspendu de ses fonctions, Yoon Suk-yeol attend que la Cour constitutionnelle se prononce sur sa destitution. Cette dernière a un délai de 180 jours pour rendre sa décision.
En attendant, l’intérim sera assuré par le Premier ministre Han Duck-soo, qui, bien qu’empruntant les chaussures de l’exécutif, a affirmé être prêt à « mobiliser toutes ses forces » pour garantir une gouvernance stable. Si la Cour valide cette destitution, Yoon deviendra le deuxième président de l’histoire de la Corée du Sud à être renversé de la sorte, après Park Geun-hye en 2017. Cependant, les choses pourraient se passer autrement, en 2004 déjà, la Cour avait invalidé la destitution du président Roh Moo-hyun, votée par le Parlement.
L’opposition, emmenée par le Parti démocrate, n’a pas tardé à crier victoire. “Aujourd’hui, le peuple et la démocratie triomphent”, s’exclama Park Chan-dae, leader du groupe parlementaire. Avant le vote, il n’avait pas hésité à dénoncer ce qu’il qualifiait de “violations flagrantes de la Constitution” et d’”infraction grave à la loi”. “Yoon Suk-yeol est l’architecte de cette rébellion contre l’ordre constitutionnel”, avait-il martelé. “Il est impératif que nous envoyions un message historique : ceux qui cherchent à détruire l’équilibre démocratique doivent en rendre des comptes.” a t’il conclu.
Il est intéressant de noter qu’au-delà des frontières de la Corée du Sud, la situation fait écho à l’importance cruciale des fondements démocratiques. Dans de nombreux pays européens, ces principes sont non seulement respectés, mais considérés comme indiscutables.
Constantin GONNANG, Afrik Inform ☑️