Cameroun | #Opinion : “Grandeur et Espérance” : le mirage d’un septennat de trop.

Dans une lettre ouverte, Grégoire Birwé, analyste politique et membre du Comité central de l’UNDP, dénonce le vide de sens du slogan de campagne du RDPC. Selon lui, les mots “Grandeur” et “Espérance” masquent une réalité faite de misère, de corruption et de désillusion, après plus de quatre décennies de pouvoir sans renouveau. Il appelle les Camerounais à rompre avec ce système lors du scrutin du 12 octobre, pour reconquérir leur dignité et leur liberté.

LETTRE OUVERTE AUX CAMEROUNAIS POUR DÉCRIER UN SEPTENNAT DE TROP SOUS LE SIGNE DE LA GRANDEUR ET DE L’ESPÉRANCE, VIDE DE SENS ET DE CONTENU

Définition des Mots du Slogan du RDPC pour magnifier son Candidat sortant :

1- Grandeur :

· Définition littérale : État de ce qui est grand, imposant, qui inspire de l’admiration par son importance, sa puissance, sa noblesse morale ou son excellence. La grandeur implique une élévation, une supériorité qualitative et une impression de majesté.

· Dans un contexte national : Cela devrait se traduire par des infrastructures de qualité, une économie robuste, des institutions fortes et intègres, un niveau de vie élevé pour les citoyens, et un respect des principes démocratiques. La grandeur d’une Nation se mesure au bien-être de son peuple.

2- Espérance :

· Définition littérale : Sentiment qui pousse à attendre avec confiance un avenir meilleur, une amélioration de la situation présente. C’est la croyance en un futur positif, la foi en des jours meilleurs. L’espérance est le moteur qui permet d’affronter les difficultés en visant un objectif positif.

· Dans un contexte national : L’espérance est le carburant social. Elle naît lorsque les citoyens voient des perspectives d’emploi, d’éducation pour leurs enfants, de soins de santé, de justice et de sécurité. C’est la conviction que le travail et l’effort mènent à une vie décente.

L’Incohérence Flagrante : Le Contraste entre le Slogan et la Réalité

L’illogisme que je pointe du doigt est un abîme entre le discours officiel, promettant “Grandeur et Espérance”, et l’expérience quotidienne de la population, que je décris comme une “misère” de 43 ans.

Voici comment les faits contredisent chaque terme du slogan :

La “Grandeur” en contraste avec la décrépitude nationale

La réalité que je dépeigne est l’antithèse de la grandeur :

· situation sanitaire médiocre : Des plateaux techniques sanitaires défaillants sont le signe d’un système qui ne peut protéger la santé de sa population, une fonction régalienne fondamentale. Où est la grandeur d’une Nation qui laisse ses citoyens mourir de maladies évitables ?

· Écoles délabrées : Une école sans salles de classe ni tables-bancs est le symbole du mépris pour l’avenir. La véritable grandeur se construit par l’éducation de sa jeunesse, et non par sa négligence.

· Absence d’infrastructures : Les routes sont les artères d’un pays ; sans elles, pas de commerce, pas d’accès aux soins, pas de désenclavement. C’est le contraire de la “grande réalisation”.

· Dépendance alimentaire : Importer massivement des denrées dans un pays au potentiel agro-pastoral énorme est un aveu d’échec stratégique et une absurdité économique. La grandeur d’une Nation passe par sa souveraineté alimentaire.

· Corruption et surfacturations : Ces pratiques minent les fondements de l’État. La grandeur morale et l’excellence sont remplacées par le pillage des ressources communes. Les “grands travaux” deviennent des sources d’enrichissement illicite, non des fiertés nationales.

L'”Espérance” étouffée par le désespoir social

Les conditions de vie médiocre des populations tuent systématiquement l’espérance :

· Chômage des jeunes et salaires misérables : Sans emploi décent et avec des revenus insuffisants, un jeune ne peut ni se construire un avenir ni fonder une famille. L’horizon est bouché ; l’espérance n’a pas d’espace pour exister.

· Cherté de la vie : Se battre quotidiennement pour sa survie à cause de l’inflation et des coûts élevés épuise toute énergie et anéantit tout espoir d’amélioration.

· Insécurité et morbidité élevée : Vivre dans la peur constante de la violence ou de la maladie empêche toute projection sereine dans l’avenir. L’espérance ne peut fleurir dans un environnement anxiogène.

· Marginalisation et tribalisme : Lorsque l’appartenance ethnique prime sur le mérite, l’espoir d’une ascension sociale par le travail et le talent s’évapore. Le système devient injuste et fermé.

· Restriction des libertés : Sans liberté d’expression, sans droit de contestation, la population est privée de sa voix et de son pouvoir de changer les choses. Cela engendre un sentiment d’impuissance et de résignation, le contraire de l’espérance.

· Gestion par procuration de la Magistrature suprême : Cette expression traduit une confiscation de la souveraineté populaire et une manipulation des institutions. Quand le peuple sent qu’il ne contrôle plus son destin politique, l’espérance en un changement démocratique meurt.

Déscription de cet Illogisme

Cet illogisme peut être défini comme :

1- Une dissonance cognitive institutionnalisée : L’État impose un récit (Grandeur et Espérance) en complète contradiction avec les preuves empiriques que les citoyens expérimentent chaque jour. C’est un déni de réalité organisé.

2- Un fétichisme du slogan : Les mots sont vidés de leur sens pour devenir de simples incantations magiques. On croit pouvoir créer la grandeur en la nommant, sans avoir à mettre en œuvre les politiques qui la produisent. Le slogan devient un substitut à l’action.

3- Une stratégie de communication cynique : L’utilisation de mots aussi puissants et positifs (Grandeur, Espérance) dans un contexte de souffrance est un outil de diversion. Il s’agit de capter l’aspiration légitime des gens à une vie meilleure pour la détourner au profit de la légitimation d’un pouvoir qui en est, en réalité, le principal obstacle.

4- La négation de la promesse sociale : Le contrat social est rompu. L’État, qui devrait être le garant du bien-être et du progrès collectif, est devenu un agent principal de la misère et de la désillusion. Le slogan “Grandeur et Espérance” devient alors une cruelle ironie, une insulte à l’intelligence et à la résilience d’un peuple qui endure.

En fin de compte, le slogan “Grandeur et Espérance”, dans le contexte adopté par le RDPC, n’est pas une vision mais un leurre. Il ne décrit pas une réalité présente ou à venir, mais sert à masquer un échec systémique et profond. La “Grandeur” promise est invisible dans la dégradation des services publics et les infrastructures défaillantes. L'”Espérance” invoquée est assassinée par le chômage, la pauvreté, l’insécurité et l’absence de perspectives.

C’est l’ultime contraste : un pouvoir qui se pare des mots les plus nobles pour gouverner en produisant des conditions de vie ignobles. L’illogisme est total, et il ne peut être résolu que par une adéquation retrouvée entre le discours politique et une action concrète, transparente et orientée vers le bien-être véritable de la population.

La population camerounaise, témoin de ces mascarades illusionnistes peut et doit mettre fin à cela en décidant ni plus ni moins, de rompre avec ce système le 12 Octobre prochain par le vote massif et la sécurisation de vote pendant le jour de vote, pendant le dépouillement, pendant la finalisation des PV, pendant l’escorte des PV Elecam vers les commissions communales, régionales et nationales de recensement de vote, seul gage pour recouvrer notre véritable dignité et liberté.

Grégoire BIRWÉ
Analyste politique
Membre Comité Central UNDP


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