La CEDEAO à la Croisée des Chemins : Répercussions du 2ème Sommet sur le Niger

Le 10 août 2023, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est réunie en session extraordinaire à Abuja, au Nigéria, sous la présidence de S.E.M. Bola Ahmed TINUBU, Président de la République Fédérale du Nigeria et Président en exercice de la Conférence. Cette réunion faisait suite à la prise de pouvoir réussie par des forces armées au Niger le 26 juillet 2023, à l’issue de laquelle l’ancien Président Mohamed BAZOUM avait été détenu.

Les Chefs d’État et de Gouvernement présents, ont participé activement à cette assise. Parmi eux figuraient des personnalités telles que S.E. Patrice TALON, Président de la République du Bénin, S.E. Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire, et bien d’autres leaders régionaux. La Conférence a examiné en profondeur la situation politique au Niger et a discuté des mesures à prendre pour rétablir la stabilité dans le pays.

Cependant, cette réunion a mis en lumière un dilemme majeur qui mine la crédibilité de la CEDEAO : son soutien controversé aux coups d’État constitutionnels dans la région, qui ont souvent eu des conséquences tragiques en termes de vies humaines. La CEDEAO, l’Union Africaine (UA) et la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) restent critiquées pour avoir appuyé des dirigeants arrivés au pouvoir par des moyens inconstitutionnels, notamment au Tchad et en Côte d’Ivoire, en Guinée (Alpha Condé) causant la mort de nombreux citoyens.

En contraste, des pays étiquetés, tels que le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger ont vu des prises de pouvoir sans pertes de vies humaines. Ce qui remet en question la capacité de la CEDEAO à agir de manière cohérente et impartiale dans des contextes variés.

Les résolutions prises lors du 2ème Sommet sur le Niger reflètent la volonté de la CEDEAO de «restaurer l’ordre constitutionnel» dans le pays. La Conférence a fermement condamné ce qu’elle continue d’appeler «la tentative de coup d’État et la détention illégale du Président Muhammed BAZOUM ainsi que de sa famille et de son gouvernement». Elle a également dénoncé les conditions de détention du Président Bazoum et a tenu le CNSP responsable de sa sécurité et de son intégrité physique.

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La CEDEAO a réaffirmé les mesures et principes convenus lors du précédent Sommet extraordinaire sur le Niger et a souligné sa détermination à maintenir ouvertes toutes les options pour résoudre la crise de manière pacifique. Des mesures telles que la fermeture des frontières, les interdictions de voyage et le gel des avoirs ont été prises pour empêcher les entraves aux efforts de rétablissement de «l’ordre constitutionnel.»

De plus, la CEDEAO a lancé un avertissement aux États membres, (Mali, Guinée, Burkina Faso) qui entravent le règlement pacifique de la crise et a appelé l’Union Africaine à entériner ses décisions sur le Niger. Elle a demandé le soutien des pays et institutions partenaires, dont les Nations Unies, pour garantir le rétablissement de «l’ordre constitutionnel.»

En réalité, des millions d’Africains critiquent les «dirigeants corrompus» de la CEDEAO pour avoir trahi la volonté populaire au profit de l’Occident, en particulier la France et les États-Unis et appellent à l’émergence d’une Union africaine souverainiste, représentant les aspirations des peuples d’Afrique de l’Ouest, et remettant en question la légitimité de l’institution actuelle.

Kemi Seba, jeune africain engagé souligne que la jeunesse africaine ne restera pas les bras croisés face à la compromission de dirigeants qui semblent avoir oublié leur devoir de servir leur propre population. Pour lui, l’établissement d’une Union africaine souverainiste est une nécessité pour contrer l’influence étrangère et rétablir la primauté des intérêts africains. L’appel à l’unité entre les peuples d’Afrique de l’Ouest est donc lancé, dans l’espoir que cette vision souverainiste puisse s’étendre à l’ensemble du continent.

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Une dualité frappante est au cœur de cette crise.

Les nouveaux dirigeants armés ont entrepris de rompre les accords liés à l’exploitation de l’uranium du Niger par la France. À noter que le Niger fournit depuis des décennies l’uranium qui alimente la France et l’Union européenne en énergie, alors que c’est le Nigeria voisin qui fournit l’électricité pour maintenir le courant au Niger. Une situation qui reflète les complexités dans la gestion des ressources naturelles et énergétiques de l’Afrique. Les matières premières abondent, mais les disparités persistent, laissant le continent à la croisée des chemins avec la complicité de la CEDEAO, la CEMAC et l’Union Africaine.