Monde| Denis Sassou Nguesso en Libye : Pour relancer le processus de réconciliation nationale en vue d’une sortie de crise.

Le président congolais Denis Sassou-Nguesso, en sa qualité de président du Comité de haut niveau de l’Union africaine pour la Libye, a effectué cette semaine une visite de trois jours en Libye, du 9 au 12 décembre. Il s’agissait de son premier déplacement dans le pays depuis 2011.

L’objectif de cette visite était de relancer le processus de réconciliation nationale libyenne et de promouvoir une solution africaine à la crise qui secoue la Libye depuis plus de dix ans. Arrivé à Tripoli, le président congolais a rencontré les autorités du gouvernement d’unité nationale à l’ouest du pays avant de se rendre à Benghazi, dans l’est libyen, pour discuter avec les responsables de l’autre camp.

Depuis la conférence de Berlin de 2020, le Comité de haut niveau de l’Union africaine s’engage activement pour la stabilisation de la Libye, en soutenant la mise en place d’un dialogue inclusif et de réformes institutionnelles visant à réconcilier les différentes factions libyennes. L’un des points clés de la visite de Sassou-Nguesso a été de promouvoir l’idée d’une charte de réconciliation libyenne, un document qu’il espère voir signé lors du sommet des chefs d’État africains en février 2024, à Addis-Abeba.

Cette charte, en préparation, serait un outil central pour surmonter les divisions internes et aboutir à des élections nationales. Selon Jean-Claude Gakosso, ministre congolais des Affaires étrangères, des ébauches de ce texte existent déjà, rédigées par l’université de Benghazi et le Conseil présidentiel de Tripoli. L’objectif est de parvenir à un consensus autour de ce document, qui tiendrait compte des spécificités culturelles et historiques du pays, tout en bénéficiant d’une forte adhésion populaire.

Cependant, cette mission n’est pas sans défis.. si la volonté de réconciliation semble partagée par une grande partie de la population libyenne, la situation politique reste complexe et les acteurs locaux sont parfois réticents à l’idée de confier la médiation à des tiers, notamment à l’Union africaine.

Le Premier ministre de Tripoli, Abdel Hamid Dbeibah, ainsi que certains dirigeants de l’est libyen, ont exprimé des réserves quant à l’efficacité de l’initiative africaine, pointant du doigt le manque de moyens de pression du Comité de haut niveau comparé aux grandes puissances internationales.

Néanmoins, certains responsables de Benghazi soutiennent activement un rôle renforcé de l’Union africaine, en particulier face à l’échec des initiatives de l’ONU, perçues comme inefficaces. Ce soutien à une solution africaine trouve écho dans le sentiment croissant des Libyens que la communauté internationale a tourné la page de leur crise, et que seule une approche locale et pragmatique pourrait enfin apporter la stabilité et la réconciliation tant attendues.

Ainsi, même si la tâche reste ardue, le président Sassou-Nguesso et son équipe poursuivent leur engagement pour un processus de paix mené par les Africains et destiné aux Libyens.

Constantin GONNANG avec RFI pour Afrik Inform ☑️

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