Tchad| Rupture des accords militaires avec la France : Ndjamena accueille des fervents partisants de la décision.

Des manifestations ont eu lieu aujourd’hui en soutien à la décision du gouvernement tchadien de rompre les accords de coopération militaire avec la France, une annonce faite la semaine dernière. Cette mobilisation fait suite à des rassemblements similaires qui se sont tenus à Abéché, le 5 décembre, à l’appel du maire de la ville.

Les premiers rassemblements autorisés ont eu lieu tôt ce matin, organisés par des partis politiques proches du pouvoir, avant que des groupes de jeunes ne se retrouvent spontanément dans plusieurs quartiers de la capitale. Environ une centaine de manifestants se sont d’abord réunis sur l’esplanade du Stade municipal du quartier Ndjari, dès 7h15.

Les slogans entendus lors de cette manifestation étaient clairs : « Tchad hourra, France barra », « Tchad libre, France dehors » et « Le Tchad appartient aux Tchadiens ». La plupart des participants étaient des jeunes, mais on notait également la présence de leaders religieux musulmans.

Au fil de la journée, des groupes de manifestants, principalement des élèves du lycée public Félix Eboué et des étudiants de l’École normale supérieure, se sont spontanément dirigés vers les rues avoisinantes. Parallèlement, des véhicules décorés de drapeaux tchadiens ont circulé dans divers quartiers de la capitale, accompagnés de klaxons en signe de joie et de soutien à la décision gouvernementale.

Les forces de défense et de sécurité ont assuré un dispositif de sécuritaire autour des zones sensibles telles que les ambassades et les ministères, aucun incident majeur n’a été rapporté, et les manifestations se sont déroulées dans le calme.

« L’armée Tchadienne ne tire plus aucun profit de ces accords »

Dans le même temps, le Premier ministre tchadien, Allamaye Halina, s’est exprimé pour la première fois depuis l’annonce de la rupture des accords militaires avec la France. Lors de son intervention, il a souligné que la commission mise en place le 4 décembre pour superviser la mise en œuvre de cette rupture devait « coordonner avec le partenaire français pour garantir un retrait ordonné et rapide » des troupes françaises présentes sur le territoire tchadien.

Pour Allamaye Halina, le partenariat militaire avec la France « a montré ses limites », affirmant que « l’armée tchadienne ne tirait plus aucun bénéfice de cet accord » Selon lui, le Tchad doit désormais compter sur ses propres forces pour assurer sa sécurité et son développement. Cependant, le Premier ministre a précisé que cette décision ne signifie pas une rupture diplomatique avec la France, mais plutôt une réévaluation des relations stratégiques entre les deux pays.

Ce mouvement de contestation à Ndjamena reflète un phénomène plus large à travers le continent africain : une jeunesse de plus en plus consciente de son histoire et déterminée à sortir de la tutelle néo-coloniale. Les jeunes Africains, notamment dans les anciennes colonies, réclament aujourd’hui plus de souveraineté et d’indépendance vis-à-vis des puissances occidentales.

Ils veulent rompre avec les héritages du passé et affirmer leur propre destin, loin des influences et des relations qui maintiennent les nations africaines dans une forme de dépendance. Ce genre de mobilisation témoigne d’une volonté croissante de prendre en main l’avenir, en rejetant les anciens partenariats jugés inefficaces et en repoussant les vestiges de la colonisation moderne.

Constantin GONNANG, Afrik Inform ☑️

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