Des dizaines de migrants africains ont été chassés de la ville tunisienne de Sfax qui a connu une nouvelle nuit de violences après la mort d’un habitant dans des heurts, selon des témoignages et des images diffusées en ligne.
Dans plusieurs quartiers de cette grande ville du centre-est de la Tunisie, des centaines d’habitants se sont rassemblés dans la nuit de mardi à mercredi dans les rues réclamant le départ immédiat de tous les migrants clandestins.
Certains ont bloqué les rues et incendié des pneus pour exprimer leur colère après la mort d’un habitant de 41 ans, poignardé lors d’affrontements tard lundi avec des migrants originaires d’Afrique subsaharienne.
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Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir des agents de police chassant des dizaines de migrants de leur domicile sous les acclamations d’habitants de la ville, avant de les faire monter dans des voitures de la police. D’autres montraient des migrants à même le sol, les mains sur la tête, entourés par des habitants munis de bâtons qui attendaient l’arrivée de la police.
Plusieurs migrants ont été amenés par la police sur le site de la Foire de Sfax dans l’attente d’être transférés ailleurs. Selon Romdane Ben Amor, responsable au Forum des droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG qui suit les questions migratoires. D’autres migrants ont été conduits vers une zone proche de la frontière libyenne.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la psychose s’est installée. La mort lundi d’un habitant à Sfax avait suscité un torrent de réactions, souvent aux relents racistes, appelant à l’expulsion des migrants africains de Sfax, point de départ d’un grand nombre de traversées illégales vers l’Italie par la mer. Les tensions entre les habitants et les migrants se sont exacerbées après un discours en février du président Kais Saied pourfendant l’immigration clandestine et la présentant comme une menace démographique pour son pays.
Mardi, M. Saied a affirmé que la Tunisie “n’accepte pas sur son territoire quiconque ne respectant pas ses lois, ni d’être un pays de transit où une terre de réinstallation pour les ressortissants de certains pays africains”.
La plupart de ces migrants viennent en Tunisie pour tenter ensuite de rejoindre l’Europe par la mer, en débarquant clandestinement sur les côtes italiennes. M. Saied a accusé des “réseaux criminels” d’être à l’origine de cette immigration illégale qui vise selon lui à troubler “la paix sociale en Tunisie”.
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