Avant les discours et les meetings, ce sont les couleurs qui tranchent. En validant logos et teintes officielles des 12 candidats à la présidentielle, Elecam a clos une étape essentielle du processus : celle où chaque parti façonne l’image qui apparaîtra sur les bulletins de vote.
Dans les coulisses d’Elecam, une course contre la montre
Le 11 août, au troisième étage de l’immeuble qui abrite les services d’Elections Cameroon (Elecam), le ballet des représentants politiques avait des airs de dernier sprint avant la ligne d’arrivée. Dossiers sous le bras, téléphones collés à l’oreille, les candidats et leurs équipes vérifiaient une dernière fois logos, couleurs, photos officielles et modèles de bulletins de vote.
La scène illustre l’importance que prend désormais l’identité visuelle dans la bataille électorale. Ce n’est pas qu’une question d’esthétique : couleurs et symboles contribuent à marquer l’esprit des électeurs dans un scrutin où la reconnaissance visuelle, parfois plus que les slogans, joue un rôle décisif.
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) du président sortant Paul Biya reste fidèle à son blanc immaculé, symbole de continuité. Le Social Democratic Front (SDF), lui, conserve son rose historique, identifiant le parti depuis plusieurs décennies.
Mais pour d’autres formations, cette présidentielle est l’occasion de repenser leur image. Le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) de Cabral Libii a opté pour un ton plus éclatant : « Nous avons choisi la couleur orange qui, pour ceux qui connaissent ces choses-là, a une excellente fréquence mais qui renvoie surtout à la proximité, à la communication, à la confiance », explique un cadre du parti.
Le Parti de l’alliance libérale (PAL) a, lui, dû improviser. Son candidat, Ateki Seta Caxton, raconte : « Nous avions choisi le blanc quand nous sommes venus déposer les documents de candidature. Maintenant, nous constatons que le RDPC a eu le blanc. Du coup, nous avons choisi un blanc cassé pour nous différencier ».
Arbitrages et règles de priorité
Les ajustements n’ont pas été laissés au hasard. La commission chargée du suivi de l’impression des documents électoraux a joué les arbitres. Son président, Essomba Okah Christian, résume la règle : « Lorsqu’il y a conflit, le parti le plus ancien passe en premier ». Cette hiérarchie, appliquée dans un climat consensuel, a permis d’éviter les blocages. Une fois validés, logos et couleurs sont verrouillés pour toute la durée de la campagne.
Ces détails visuels ne sont pas anecdotiques. Dans un pays où le taux d’analphabétisme reste élevé dans certaines régions, la couleur d’un bulletin peut être un repère essentiel pour identifier un parti dans l’isoloir.
Des bulletins garantis jusqu’au bout
Les données des 12 partis retenus sont désormais enregistrées. Les bulletins correspondants seront imprimés et livrés dans chaque bureau de vote, et ce même en cas de désistement ou d’alliances entre formations avant le jour J.
Cette règle vise à éviter toute confusion dans les bureaux de vote et à garantir que chaque électeur retrouve les bulletins annoncés au moment de la validation officielle.
Pour Elecam, l’épisode confirme que la préparation d’un scrutin ne se limite pas à la logistique des urnes et des isoloirs : elle passe aussi par une gestion minutieuse des symboles et de la mémoire visuelle que les électeurs emporteront avec eux dans l’isoloir.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️
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