Le Conseil de sécurité des Nations unies s’apprête à voter un texte susceptible de redéfinir durablement le traitement du plus ancien différend territorial du continent africain. Derrière les formules soigneusement pesées, se profile une évolution majeure de la doctrine onusienne sur le Sahara occidental, à la croisée des équilibres entre souveraineté, autonomie et droit à l’autodétermination.
New York – Le Conseil de sécurité devait initialement voter, ce vendredi 31 octobre, la résolution annuelle sur le Sahara occidental. Mais la séance a été reportée, officiellement à cause de la crise au Soudan, officieusement pour permettre de nouvelles consultations entre délégations.
Car cette fois, le texte dépasse le simple renouvellement du mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental). Il introduit des formulations inédites, où l’« autonomie sous souveraineté marocaine » apparaît non plus comme une option parmi d’autres, mais comme la voie jugée « crédible et réaliste » par une majorité de membres permanents.
Derrière cette évolution, un changement de paradigme : le Conseil de sécurité semble s’éloigner de la logique du référendum d’autodétermination – pourtant à l’origine même de la MINURSO en 1991 – pour se rapprocher d’une reconnaissance de facto du plan marocain d’autonomie.
Un texte préparé à Washington, ajusté à New York
Les États-Unis, qui conservent la qualité de « pen-holder » sur ce dossier, sont les rédacteurs du projet de résolution. Plusieurs puissances, dont la France et le Royaume-Uni, ont apporté leur soutien. Le texte réaffirme certes le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, mais le contexte diplomatique et les termes choisis orientent l’esprit du document : l’autonomie sous souveraineté marocaine est citée comme « la solution politique réaliste et durable ».
Cette formulation n’est pas anodine. Depuis la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, décidée par Donald Trump en 2020 et maintenue par Washington sous Joe Biden, Rabat a multiplié les soutiens diplomatiques. De Madrid à Bruxelles, plusieurs capitales européennes considèrent désormais le plan marocain comme une « base sérieuse et crédible » de règlement.
Le texte, désormais au stade final des négociations, proroge également pour douze mois le mandat de la MINURSO, dont la présence dans le territoire expire ce 31 octobre.
Les blocages : Alger et le Front POLISARIO vent debout
Face à cette orientation, la riposte est frontale du côté d’Alger et du Front POLISARIO. L’Algérie, soutien historique du mouvement indépendantiste sahraoui, dénonce une « dérive politique qui enterre le droit du peuple sahraoui à décider librement de son destin ». Le POLISARIO, pour sa part, accuse le Conseil de « céder à la pression du Maroc et de ses alliés ».
Les négociations achoppent sur des détails qui, dans le langage diplomatique, n’en sont jamais : faut-il parler de « souveraineté marocaine » ou simplement de « solution politique réaliste » ? Doit-on « encourager » les parties à dialoguer sur la base de la proposition d’autonomie ou « inviter » à reprendre les discussions sans préjuger du résultat ?
Selon plusieurs diplomates, chaque mot est pesé, chaque virgule négociée. Des fuites dans la presse, largement instrumentalisées, alimentent les tensions à huis clos.
Un tournant diplomatique assumé par Rabat
Pour le Maroc, cette évolution du texte est une victoire symbolique et stratégique. Depuis vingt ans, Rabat plaide pour que son initiative d’autonomie – présentée en 2007 – soit reconnue comme l’unique solution viable. L’approche consiste à accorder une large autonomie au territoire, sous la souveraineté du Royaume, tout en préservant ses intérêts économiques et sécuritaires.
La diplomatie marocaine a, ces dernières années, capitalisé sur un double réseau : la multiplication des ouvertures de consulats étrangers à Laâyoune et Dakhla, et la consolidation d’alliances avec des pays africains, arabes et occidentaux. L’adoption d’une résolution favorable par le Conseil de sécurité constituerait l’aboutissement de cette stratégie d’influence.
« Le monde avance vers une reconnaissance pragmatique du plan marocain », confie un diplomate africain. « Même ceux qui prônent la neutralité savent que la perspective d’un référendum est devenue illusoire », Conclut-il.
Les inquiétudes d’Alger et de ses alliés
Pour l’Algérie, un tel basculement serait une perte d’influence régionale majeure. Alger, qui abrite et finance le Front POLISARIO, craint que l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine n’entraîne une marginalisation du mouvement sahraoui et ne consacre de facto la victoire diplomatique du Maroc.
Dans les discussions en cours, la délégation algérienne tente d’introduire des amendements réaffirmant le droit à l’autodétermination et la nécessité d’un référendum. Mais selon des sources diplomatiques, ces propositions ont été « largement écartées » par le groupe de rédaction.
Moscou et Pékin se montrent prudents : ils insistent sur le respect du droit international et de la Charte des Nations unies, mais sans s’opposer frontalement à la version américaine. La position de l’Union africaine, quant à elle, reste alignée sur celle du Conseil de sécurité, tout en rappelant « la nécessité d’une solution juste et mutuellement acceptable ».
Un texte aux implications globales
Au-delà du différend Maroc–POLISARIO, la résolution pourrait remodeler l’équilibre diplomatique du Maghreb. Si elle est adoptée telle quelle, le Maroc consolidera sa position comme puissance régionale incontournable, à la fois sur le plan politique, économique et sécuritaire.
Pour le Front POLISARIO, ce serait en revanche un revers historique, susceptible d’alimenter de nouvelles tensions dans les zones frontalières. Certains analystes redoutent même une reprise d’escarmouches dans la région de Tindouf, où sont regroupés des milliers de réfugiés sahraouis.
L’ONU, de son côté, joue sa crédibilité : en s’éloignant du principe de décolonisation, elle risque de nourrir les critiques sur sa soumission à la realpolitik. « Si le Conseil de sécurité valide une solution sans référendum, il établira un précédent dangereux pour d’autres conflits de souveraineté », estime un ancien fonctionnaire onusien cité par The New Arab.
Un scrutin aux allures de test pour la diplomatie mondiale
Le vote de cette résolution, attendu dans les prochains jours, sera plus qu’un acte administratif : il traduira le rapport de force global entre puissances favorables à une lecture pragmatique du dossier et celles attachées au principe d’autodétermination.
Pour l’Afrique, l’enjeu est clair : la manière dont le Conseil de sécurité gérera le dossier saharien servira de référence pour d’autres différends territoriaux du continent. Pour le Maroc, c’est une bataille de légitimité. Pour l’Algérie, une question d’équilibre stratégique. Et pour l’ONU, un défi de cohérence face à son propre mandat.
Entre diplomatie et rivalités régionales, la résolution sur le Sahara occidental s’annonce comme l’une des plus déterminantes de ces dernières années. Et, derrière les mots soigneusement choisis des diplomates, c’est bien l’avenir d’un territoire et la stabilité d’une région entière qui se jouent dans les couloirs de New York.
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