Gabon| Justice et réconciliation: Oligui Nguema efface les putschs de 2019 et 2023, la libération des militaires annoncée

Le gouvernement Gabonais a adopté, mardi 12 août, une ordonnance d’amnistie couvrant les auteurs du coup d’État du 30 août 2023 et ceux de la tentative de putsch manqué du 7 janvier 2019. Présentée comme un geste de réconciliation nationale, la mesure entraîne la libération prochaine de figures comme Kelly Ondo Obiang.

Amnistie générale : deux coups d’État effacés d’un trait de plume

Réuni en conseil des ministres après deux jours de séminaire gouvernemental, l’exécutif gabonais a officialisé une mesure attendue depuis plusieurs mois : l’amnistie générale des auteurs et complices du renversement d’Ali Bongo en août 2023, mais aussi de la tentative de putsch de janvier 2019.

Souvenez-vous, en 2023, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), mené par l’actuel président Brice Clotaire Oligui Nguema, avait pris le pouvoir après l’annonce controversée de la réélection d’Ali Bongo. Et bien, Tous ses membres sont désormais couverts par cette amnistie, un geste politique qui marque la volonté de solder cette page récente de l’histoire gabonaise.

La décision concerne également trois militaires toujours détenus pour leur implication dans la tentative de coup d’État de 2019 : l’ex-lieutenant de la Garde républicaine Kelly Ondo Obiang, Dimitry Nze Minkom et Estimé Bedima. Leur libération est attendue dans les prochains jours, assortie d’une réintégration dans les forces armées.

2019, le putsch avorté de la radio nationale

Le 7 janvier 2019, un petit commando mené par Kelly Ondo Obiang avait investi les locaux de la radio nationale à Libreville. Le lieutenant, en uniforme, avait lu un message appelant « l’armée à sauver la République » et le peuple à se soulever contre le régime d’Ali Bongo, affaibli à l’époque par un AVC. Mais l’opération tourne court.

Les forces loyalistes reprennent rapidement le contrôle des lieux, arrêtent les assaillants et rétablissent l’ordre en quelques heures. Le tribunal militaire condamne les trois meneurs à 15 ans de prison ferme, tandis que six autres accusés sont acquittés.

Depuis, Kelly Ondo Obiang est devenu une figure ambivalente : pour certains, un aventurier putschiste ; pour d’autres, un symbole de résistance contre un régime jugé verrouillé. L’actuelle mesure d’amnistie, promise dès février par le président Oligui Nguema, met fin à cette longue incarcération.

Réconciliation nationale et signaux politiques

Dans son communiqué, le gouvernement insiste sur la portée symbolique de cette ordonnance : « Ce texte vise à contribuer à l’apaisement et à la réconciliation nationale en tournant définitivement la page de ces événements ». L’initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de pacification politique voulue par Oligui Nguema, qui, depuis sa prise de pouvoir, multiplie les gestes envers les opposants et les figures marginalisées.

Pour Me François Méyé, avocat de Kelly Ondo Obiang, la décision est un « soulagement », synonyme de fin d’un combat judiciaire de plusieurs années. Ce geste pourrait également renforcer la popularité du chef de l’État auprès des militaires et de certaines franges de la population, tout en projetant l’image d’un régime confiant et ouvert au pardon.

Relancer la croissance et protéger l’emploi national

L’amnistie n’a pas été la seule annonce de ce conseil des ministres. Sur le terrain économique, Oligui Nguema a fixé un objectif ambitieux : atteindre 10 % de croissance à moyen terme. Pour y parvenir, le gouvernement entend réduire la dépendance aux exportations de matières premières brutes, stimuler la création de valeur ajoutée et rationaliser les finances publiques.

Parmi les mesures adoptées : la fin de nombreuses exonérations fiscales jugées coûteuses, la mise en place de prélèvements automatiques, et un renforcement du contrôle sur la traçabilité des dépenses. En parallèle, certains métiers, comme la coiffure, la réparation de téléphones ou l’orpaillage artisanal, seront réservés aux Gabonais, dans l’objectif de formaliser ces secteurs et de générer des emplois locaux.

Constantin GONNANG avec RFI pour Afrik inform ☑️


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