Sahara occidental | L’ONU a-t-elle joué « franc jeu » depuis le début de la crise ?  – Une analyse de Constantin GONNANG

Depuis près de cinquante ans, le Sahara occidental cristallise tensions, rivalités régionales et enjeux diplomatiques. La résolution du 31 octobre 2025, qui valorise la solution d’autonomie marocaine, marque un tournant décisif. Mais au-delà de l’effet médiatique, la question demeure : l’ONU a-t-elle véritablement été impartiale tout au long de ce conflit ? Entre histoire, droit et réalpolitik, le Sahara occidental reste un territoire où le compromis prime souvent sur l’absolu.

Une crise ancienne, des lignes de force mouvantes

En novembre 1975, la Marche verte propulsait le Maroc au contrôle du Sahara occidental, alors sous domination espagnole. Cette avancée pacifique, mais stratégique, allait déclencher l’opposition du Front Polisario, soutenu par l’Algérie, et placer l’ONU au cœur d’un imbroglio diplomatique inédit. Dès les premières années, l’organisation tenta de concilier le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes avec les réalités géopolitiques d’une région en tension permanente.

Le référendum d’autodétermination, pierre angulaire du mandat de la MINURSO depuis 1991, n’a jamais pu être concrétisé. Définir l’électorat sahraoui s’est révélé une tâche herculéenne : migrations, exodes, installation de populations marocaines… les chiffres varient selon les recensements, rendant toute consultation crédible impossible. Peu à peu, la mission de l’ONU se recentra sur le maintien de la paix, laissant la question politique dans l’ombre.

Autonomie plutôt qu’indépendance : un virage stratégique

La résolution adoptée le 31 octobre 2025 change la donne : le Conseil de sécurité reconnaît désormais l’initiative d’autonomie marocaine comme la base de négociation la plus réaliste. L’idée d’un référendum, longtemps brandie comme symbole de la légitimité sahraouie, disparaît des discussions officielles. Pour Rabat, c’est une victoire diplomatique historique ; pour le Front Polisario et l’Algérie, un recul tangible des droits à l’autodétermination.

Cette décision n’est pas le fruit du hasard. Elle s’inscrit dans un long équilibre d’influences : le rôle du veto français, le soutien discret des États-Unis, la prudence de l’Assemblée générale et la volonté de maintenir la stabilité régionale. L’ONU, qui s’est toujours voulue arbitre impartial, apparaît ici comme un acteur contraint par la réalité des rapports de force internationaux.

Droit, identité et ambiguïté onusienne

Au-delà des considérations géopolitiques, le Sahara occidental soulève des questions fondamentales : les Sahraouis constituent-ils une nation capable de fonder un État ? Ou s’agit-il de populations autochtones bénéficiant d’un droit international à l’autonomie culturelle et administrative, sans légitimité pour la création d’un État ? Les trois grandes tribus — Teknas, Ouled Delim et Reguibets — partagent langue, religion et histoire avec le Maroc, rendant la ligne de démarcation entre autonomie et indépendance particulièrement floue.

L’ONU, prise entre l’idéal du droit et la complexité du terrain, a navigué pendant des décennies dans cette zone grise. Les résolutions, les abstentions et les absences au Conseil de sécurité traduisent autant une prudence juridique qu’un calcul diplomatique. La mission de maintien de la paix se heurte à la réalité du terrain : sans le consensus international, tout projet de référendum reste théorique.

Vers de nouveaux horizons, mais sous vigilance

Aujourd’hui, le Sahara occidental entre dans une phase où la diplomatie prime sur l’option maximaliste de l’indépendance. La MINURSO demeure, les négociations sur l’autonomie continuent, et les acteurs régionaux se repositionnent. L’ONU a-t-elle joué franc jeu ? Sa résolution du 31 octobre montre une institution consciente des réalités politiques et contraintes internationales, mais loin d’être totalement neutre.

Le futur du Sahara occidental dépendra désormais de la capacité des parties à transformer ces compromis en solutions concrètes, tout en respectant les identités locales. Mais au cœur de ce dossier complexe, l’ONU a démontré sa capacité à rester un acteur impartial et rigoureux. Depuis la création de la MINURSO jusqu’à la résolution du 31 octobre 2025, l’organisation a su concilier droit international, équilibres géopolitiques et réalités locales. Dans un environnement où les passions et les intérêts convergent parfois de manière contradictoire, l’institution onusienne a maintenu le cap de la neutralité, offrant un cadre crédible de dialogue et de négociation. Grâce à son engagement constant, le Sahara occidental bénéficie aujourd’hui d’une trajectoire diplomatique claire et équilibrée, reflet d’une ONU capable de transformer les ambitions de paix en actions tangibles.


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