Le sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), tenu le 7 juin 2025 à Malabo, s’est achevé sur une note amère : Kigali annonce son retrait de l’organisation. En toile de fond, une querelle diplomatique larvée avec la République démocratique du Congo.
Le rideau est tombé sur le 26e sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC, organisé à Malabo, en Guinée équatoriale. Si les travaux ont permis d’adopter de nouvelles résolutions économiques, notamment le lancement de la zone de libre-échange communautaire prévu pour le 30 août 2025, l’événement a été assombri par une crise institutionnelle majeure : le départ du Rwanda de l’organisation.
Une présidence contestée
Selon le communiqué final, la conférence a décidé de prolonger d’une année le mandat du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo à la tête de l’organisation, écartant de facto le Rwanda, qui devait assurer la présidence tournante.
La décision a été motivée, selon plusieurs sources, par les réserves exprimées par la République démocratique du Congo (RDC), dont les représentants auraient indiqué qu’ils ne participeraient pas à des réunions accueillies par Kigali.
Une prise de position que Kigali juge inacceptable. Le gouvernement rwandais dénonce une « instrumentalisation » de l’organisation par la RDC, avec la complicité tacite de certains États membres.
Pour Kigali, il s’agit d’un sérieux manquement aux principes fondateurs de la communauté, qui garantissent une rotation équitable de la présidence et l’égalité de traitement entre États membres.
Une fracture politique révélée
En annonçant son retrait de la CEEAC, le Rwanda met en lumière une fracture plus profonde au sein de la communauté, déjà fragilisée par des rivalités géopolitiques persistantes. Le ton employé par Kigali est sans appel : il pointe « l’échec de l’organisation à faire respecter ses propres règles » et conteste la légitimité d’une prolongation de mandat décidée, selon lui, en violation des textes.

Cette sortie spectaculaire du Rwanda survient alors même que la CEEAC tente de relancer son processus d’intégration régionale à travers des réformes institutionnelles et des projets économiques communs. Mais les tensions entre les membres – particulièrement entre le Rwanda et la RDC – semblent aujourd’hui miner cette ambition collective.
La zone de libre-échange lancée dans un climat tendu
Paradoxalement, ce sommet de Malabo a aussi été le théâtre d’une avancée majeure pour l’organisation. La conférence a officiellement fixé la date du 30 août 2025 pour le démarrage effectif de la zone de libre-échange régionale, considérée comme un levier stratégique pour la croissance intra-communautaire.
Mais cette initiative, censée renforcer l’unité des onze États membres, s’ouvre désormais sur fond de désunion. Le départ du Rwanda, qui fut pourtant un membre actif de plusieurs mécanismes économiques et sécuritaires de la communauté, pose la question de la cohésion interne de la CEEAC à l’heure où elle cherche à affirmer son rôle sur l’échiquier continental.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️