L’est de la République démocratique du Congo (RDC) s’embrase alors que les rebelles du M23 poursuivent leur avancée fulgurante. À 20 kilomètres de Goma, le général de division Peter Cirimwami Nkuba, gouverneur militaire du Nord-Kivu depuis 2023, a succombé à ses blessures alors qu’il dirigeait ses troupes dans un combat acharné contre les insurgés.
Ce décès marque un tournant tragique dans un conflit qui menace de s’étendre à toute la région. Jeudi matin, un rapport interne des Nations unies a confirmé la disparition du général, touché par balle lors des affrontements. Transporté d’urgence par avion vers Goma pour des soins, il a rendu l’âme avant d’arriver à destination.
Ce haut responsable militaire incarnait la résistance d’une province meurtrie par des violences incessantes.
Le spectre de la guerre plane sur Goma
Les rebelles du M23, renforcés par l’Alliance du fleuve Congo (AFC), poursuivent leur avancée stratégique. Après la prise de Minova, ils ont encerclé la ville de Sake, située à 20 km à l’ouest de Goma. Leurs attaques sur les principales routes d’approvisionnement isolent davantage la capitale provinciale, qui abrite plus d’un million d’âmes.
Alors que le gouvernement congolais affirme avoir repoussé l’assaut sur Sake, la situation reste chaotique. Les Nations unies dénoncent la gravité de cette offensive, qualifiée de « véritable épée de Damoclès » suspendue au-dessus de Goma.
Depuis le début de l’année, les combats ont jeté sur les routes quelque 400 000 civils, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Rien qu’en une semaine, le nombre de déplacés a doublé.
Familles, enfants, vieillards : tous fuient les zones de conflit, abandonnant leurs maigres biens pour tenter de trouver refuge à Goma, où les infrastructures sont au bord de l’effondrement.« Les hôpitaux débordent, les rues de Goma se transforment en abris de fortune », alerte Matthew Saltmarsh, porte-parole du HCR à Genève.
Les scènes de désolation rappellent les heures sombres de 2012, lorsque le M23 avait brièvement pris le contrôle de la ville.
L’ombre du Rwanda
Dans ce climat explosif, Kinshasa pointe du doigt Kigali, accusant le Rwanda d’armer et de soutenir les rebelles. Ces accusations, bien que démenties par Kigali, trouvent un écho inquiétant dans la communauté internationale.
L’inaction du Conseil de sécurité de l’ONU est vivement critiquée par les autorités congolaises, qui exigent une session d’urgence pour faire face à ce qu’elles qualifient de «crise internationale ».Les experts craignent désormais un embrasement régional.
Les violences du M23, qui s’inscrivent dans un contexte historique complexe lié aux tensions ethniques et aux conflits autour des ressources minières, risquent de raviver des plaies ouvertes depuis des décennies. Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, avertit : « Ce conflit est une poudrière, et le risque d’une guerre régionale est plus grand que jamais. »
Alors que les bombes pleuvent et que des centaines de milliers de civils errent dans l’incertitude, l’Est congolais semble une fois de plus basculer dans le chaos. Pour le général Cirimwami Nkuba, la lutte s’est arrêtée sur le front, mais pour son peuple, elle ne fait que commencer.
Constantin GONNANG, Afrik Inform ☑️