Cameroun| Crise post-électorale : le blocus du Septentrion fait flamber les prix dans le Sud

Alors que les tensions politiques issues de la dernière élection présidentielle continuent d’agiter le Cameroun, un blocus informel des produits agricoles dans le Septentrion est en passe de bouleverser l’équilibre économique national. Entre flambée des prix et pénuries sur les marchés du Sud, les conséquences se font déjà sentir jusque dans les foyers les plus modestes.

La crise post-électorale qui secoue actuellement le Cameroun prend désormais une tournure économique. Dans les régions du Septentrion — l’Extrême-Nord, le Nord et l’Adamaoua —, un mouvement de contestation a conduit à un blocus informel des produits agricoles à destination de la partie méridionale du pays. Résultat : les marchés de Yaoundé et Douala connaissent une flambée spectaculaire des prix.

La viande de bœuf, le maïs, les oignons et les arachides, produits en grande partie dans le Nord, se font rares. « Nous n’avons presque plus de viande à vendre », confie un boucher du marché Mfoundi, à Yaoundé. En quelques jours, le kilogramme de viande sans os est passé de 3 000 à 4 000 FCFA. Le maïs, essentiel pour l’alimentation humaine et animale, se raréfie aussi. Ce qui entraînera mécaniquement la hausse du prix du poulet et des œufs de table.

Dans les marchés, la tension est palpable. Les commerçants dénoncent un climat d’incertitude et craignent une spéculation incontrôlée. Les ménages les plus modestes réduisent déjà leurs achats. « Si ça continue, on ne pourra plus nourrir nos familles », soupire une vendeuse d’arachides.

Face à cette situation, qui s’ajoute à celle du blocus du Port autonome de Douala, principale porte d’entrée des marchandises au Cameroun et pour certains pays enclavés de la zone CEMAC (Tchad et République centrafricaine), les appels au dialogue se multiplient. Les autorités sont exhortées à négocier avec Issa Tchiroma Bakary, arrivé officiellement deuxième à l’élection présidentielle du 12 octobre dernier, avec 35%, mais qui continue de réclamer ce qu’il considère comme étant « sa victoire volée ».