À Douala, le différend foncier opposant la mairie de Douala 2ᵉ à des commerçants et détenteurs de titres fonciers au lieu-dit Funkel/New-Bell continue de provoquer une vive polémique. Au cœur du conflit : les opérations de déguerpissement menées par la mairie sur le site du marché des femmes, jugées brutales et illégales par plusieurs acteurs.
Des titres fonciers en bonne et due forme, mais ignorés
Saisi par les avocats des commerçants et des particuliers concernés, le préfet du Wouri, MVOGO Sylyac Marie, a présidé le 30 juillet 2025 une séance de travail au cours de laquelle il a rappelé que les titres fonciers détenus par les plaignants avaient été établis conformément à la loi.

Ces documents portent la signature et l’approbation du ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (MINDCAF) et ne peuvent être contestés qu’à travers des procédures de retrait ou d’annulation régulières.
Le préfet a ainsi dénoncé « une opération manifestement illégale » ayant touché des occupants installés depuis des décennies, et ordonné à la commission compétente de descendre sur les lieux pour confronter les titres des requérants à l’acte d’affectation CUD revendiqué par la mairie.
Accusations d’abus de pouvoir
Dans l’opinion publique, l’affaire est interprétée comme un abus de pouvoir de la maire Denise Fampou. Des voix locales, dont l’élite Moussa Ousseini, estiment que l’affaire est plus grave en ce sens que l’opération de déguerpissement n’a même pas reçu l’approbation du conseil municipal.
Face à la tension, le ministre de l’Administration territoriale (MINAT), Paul Atanga Nji, a décidé de dépêcher à Douala, du 25 au 29 août, une mission conjointe MINAT/MINDCAF afin de rassembler tous les éléments nécessaires au règlement du différend.
La crise prend une tournure politique
Le dossier a franchi un nouveau cap le 13 août dernier lorsque des conseillers municipaux RDPC de Douala 2ᵉ ont adressé une note au Secrétaire général de la Présidence. Dans ce document, ils accusent la maire Denise Fampou de nuire à la campagne présidentielle de Paul Biya, en ordonnant des « casses brutales » assimilées à un sabotage en pleine période électorale.
Ces élus dénoncent par ailleurs des irrégularités dans la gestion des marchés de la commune et sollicitent l’intervention de la haute autorité pour « rétablir la légalité et la sérénité », dans un contexte où la préservation de la paix sociale est cruciale.
Un conflit à multiples enjeux
Au-delà du litige foncier, cette affaire met en lumière plusieurs défis : la protection des droits fonciers des citoyens face aux décisions des collectivités locales ; la régulation de la gestion des marchés urbains ;la nécessité de maintenir la stabilité sociale et politique à la veille d’échéances électorales décisives.

Dans l’attente des conclusions de la mission interministérielle, avec le marché totalement détruit, les activités du marché des femmes demeurent suspendues, plongeant des centaines de commerçants et leurs familles dans la précarité.
Nakata Tomwooh
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