Invité de l’émission La Vérité en Face sur Équinoxe TV, Hiram Iyodi, candidat du Front des Démocrates Camerounais (FDC), a dévoilé dimanche soir les grandes lignes de son parcours, son idéologie et ses ambitions politiques. Héritier revendiqué de l’UPC et du “Mpodol” Ruben Um Nyobè, il appelle à une rupture générationnelle et promet un projet fédérateur, adossé à une coalition qu’il annonce imminente.
Un parcours forgé entre le Cameroun et le Canada
D’entrée de jeu, le candidat du FDC a tenu à rappeler d’où il vient et sur quoi repose sa légitimité. « Je suis ingénieur de formation, j’ai passé mes quinze dernières années dans les métiers de l’audit et du conseil, accompagnant gouvernements, entreprises publiques et sociétés privées, principalement dans les secteurs du pétrole et de l’industrie », a-t-il expliqué avec assurance.
Originaire du Cameroun où il a suivi son cycle secondaire et obtenu un baccalauréat scientifique, Hiram Iyodi a poursuivi ses études au Canada après un bref passage à l’Université de Buea en 2004. Là, il a cumulé une double expertise en ingénierie des procédés chimiques et en gestion de projets. Une trajectoire qu’il oppose à celle de l’ancien président Ahmadou Ahidjo : « Ahidjo est devenu président du Cameroun à 36 ans. Je ne suis pas sûr qu’il avait le bagage intellectuel et professionnel que j’ai aujourd’hui », lance-t-il comme pour souligner que la jeunesse n’est pas synonyme d’inexpérience.
Héritier de l’UPC et du “Mpodol”
Si son profil technique attire l’attention, c’est surtout son discours idéologique qui retient. Hiram Iyodi se revendique héritier de l’Union des populations du Cameroun (UPC), formation historique de la lutte indépendantiste. « L’idéologie que nous portons est héritée de l’UPC, c’est le modèle du Mpodol Ruben Um Nyobè », a-t-il insisté, expliquant avoir récemment effectué un pèlerinage symbolique sur la tombe du leader nationaliste à Éséka.
À ses yeux, cette filiation n’est pas une simple référence historique, mais bien une boussole pour l’avenir. « Notre génération a quelque chose à apporter, et c’est maintenant ou jamais. Il faut avoir le courage des réformes de rupture », martèle-t-il. Son ambition : restaurer la souveraineté politique et économique du Cameroun, en redonnant aux citoyens le pouvoir de définir eux-mêmes leur modèle de développement.
D’un parti clandestin à une candidature assumée
L’autre pan fort de son intervention concerne l’histoire récente de son mouvement, le MP3, créé en 2019 mais longtemps tenu dans l’ombre faute de reconnaissance officielle. « Le Minat a pris quatre années pour nous légaliser. Pendant ces quatre années, nous avons travaillé dans la clandestinité à installer des cellules du parti dans presque toutes les régions du pays », a révélé Iyodi.
Depuis sa légalisation en 2023, le MP3 est devenu le socle de sa candidature, porté par le FDC et d’autres formations alliées. « Nous avons la ressource humaine et les militants pour démarrer ce combat », assure-t-il, convaincu que la base militante est solide et prête à s’engager pour la présidentielle.
Financer l’ambition : le pari des contributions
À la question des moyens, le candidat se veut pragmatique. Il revendique une approche participative, fondée sur les contributions volontaires. « Nous avons levé 30 millions de FCFA avec le directoire du MP3 et des partis alliés pour notre caution », explique-t-il.
Au-delà de ce premier obstacle franchi, la campagne mise sur un financement graduel. « Nous avons lancé un challenge de 10 millions en 10 jours, soit un million par jour. Et sur les trois premiers jours, l’objectif a été atteint », s’est-il félicité.
Dans son viseur, une cible particulière : les jeunes entrepreneurs et les acteurs de la tech. Une manière de lier innovation économique et engagement politique, et de montrer qu’une nouvelle génération de Camerounais est prête à financer son propre avenir.
Vers une coalition de rupture
Sur le terrain politique, Hiram Iyodi ne se cache pas : il veut une union des forces de l’opposition. « Nous avions déjà commencé à discuter avec le conseil des sages du MRC avant même que j’annonce ma candidature », confie-t-il. Depuis, il multiplie les rencontres avec diverses personnalités, de Joshua Osih à Issa Tchiroma, en passant par Cabral Libii, Akere Muna, Ateki Seta ou encore Agbe.
L’objectif est clair : bâtir une coalition pour peser face au RDPC et incarner une alternative crédible. « À l’ouverture de la campagne, vous aurez bel et bien une coalition qui portera un projet fort et fédérateur », a-t-il promis, persuadé que le temps des candidatures dispersées doit appartenir au passé.
Réformer l’école, réformer l’État
Au-delà des alliances, Iyodi a esquissé les premières mesures de son projet de société. Au cœur de ses priorités : l’éducation. Pour lui, le calendrier scolaire actuel, hérité de l’époque coloniale, doit être revu. « Nous devons positionner l’année scolaire de la mi-janvier à octobre, afin de l’adapter à notre climat, à nos réalités économiques et culturelles », a-t-il proposé.
Il veut également bâtir un système éducatif « parfaitement bilingue », où l’anglais, langue du commerce, et le français, langue des voisins, soient enseignés sur tout le territoire. Plus encore, il souhaite que l’éducation soit arrimée à la transformation locale des ressources, afin de créer un lien direct entre savoirs et développement économique.
Côté gouvernance, sa promesse est claire : un État plus sobre et plus efficace. Il projette de réduire le gouvernement de 63 à 20 ministres et de regrouper les portefeuilles liés à l’éducation dans un seul ministère. « C’est une question de rationalisation de la dépense publique », souligne-t-il.
« La politique, un rêve d’enfance »
Dans un registre plus personnel, Hiram Iyodi confie que la politique est une passion ancienne. « Quand j’étais petit, le premier métier que j’ai voulu exercer c’était politicien », raconte-t-il, avant d’ajouter qu’il avait néanmoins suivi les conseils de ses aînés : se forger une carrière professionnelle solide avant de s’engager. Aujourd’hui, il estime que le moment est venu d’assumer cette vocation.
À 41 ans, il dit porter l’espoir d’une génération à qui l’histoire offre une chance. « Nous ne pouvons pas léguer à d’autres le combat pour notre liberté, notre souveraineté et notre dignité », plaide-t-il. Pour lui, le rendez-vous de 2025 est bien plus qu’une élection : c’est une fenêtre d’opportunité à ne pas manquer.
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