Alors que le Cameroun vit un tournant politique avec la démission de deux figures majeures du régime Biya, Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, une vérité essentielle s’impose : il faut être modéré en toute circonstance. L’attitude changeante du ministre Tchiroma, véritable caméléon politique, illustre à quel point l’extrême dessert la crédibilité politique.
Deux démissions, deux logiques différentes
Les départs de Bello Bouba et Issa Tchiroma n’ont pas été vécus de la même manière. Du côté de l’UNDP, les militants se sont mobilisés pour intimer à leur leader de tourner la page bien que la Secrétaire d’État au MINDHU et militante de L’UNDP ait réaffirmé de façon égoïste sa fidélité au président Biya, évoquant son décret de nomination comme ligne de conduite.
Cette discipline du président de l’UNDP associée à son discours tempéré depuis 1982, contraste fortement avec la situation dans le camp de Tchiroma, où des hauts cadres de son propre parti, le maire de Pitoa, et le fondateur du Parti ABBO Yero ont quitté le navire; le premier pour créer un nouveau parti politique.
Connaissant l’influence du maire de Pitoua et et Monsieur ABBO YERO, Fondateur du FSNC, Membre du Bureau politique et du Comité central du FSNC, Ancien Président national du Mouvement des Jeunes du FSNC, dans le Benoue en particulier et le grand Nord en général, la démission du ministre Tchiroma du gouvernement résonne comme une rupture personnelle plus que collective, laissant entrevoir un malaise dans son fief.
Une trajectoire faite de volte-face
Issa Tchiroma Bakary n’en est pas à son premier revirement. En politique camerounaise, rarement un acteur n’aura autant incarné l’excès dans tous les sens. Ses déclarations depuis deux décennies dessinent un parcours politique chaotique, nourri de contradictions flagrantes :
2004 – Opposant radical au régime Biya :
« Monsieur BIYA et son régime sont des assassins. […] Monsieur BIYA ne peut pas prendre le pays de la prospérité et le ramener à la misère comme c’est le cas aujourd’hui…! C’est inacceptable…! »
2014 – Ministre du gouvernement RDPC, posture repentante :
« J’assume tout ce que je disais sur le président Paul Biya quand j’étais opposant… Je remercie le président Paul Biya de m’avoir fait confiance. Le président Paul Biya est un homme de paix…! »
2017 – Défenseur zélé du régime face aux crises :
« Le Cameroun se porte très bien… Ce sont les sécessionnistes qui veulent déstabiliser le pays… Si une chaîne fait la propagande des sécessionnistes, je la fermerai…! Le président Paul Biya est un homme de paix… »
2018 – Propagandiste de campagne :
« Je félicite le président Paul Biya d’avoir déposé sa candidature. […] Le président Biya est notre champion…! Le Cameroun est prospère grâce à sa vision… »
2025 – Nouveau discours de rupture :
« Il est temps que chacun fasse un choix audacieux qui nous sortira de la misère de ces 42 ans… Même si c’est moi TCHIROMA qui vous dit demain de voter pour les responsables de vos malheurs, considérez-moi comme votre ennemi…! »
Entre théâtre et convictions
Derrière ces envolées, une constante saute aux yeux : la déconnexion entre les discours et les intérêts de la base populaire. Tchiroma a parlé au nom du peuple lorsqu’il lui fallait une tribune, puis pourfendu les critiques une fois au pouvoir.
Son retour à la dissidence en 2025, sans ancrage populaire ni consultation de ses collaborateurs, donne l’image d’un homme solitaire en quête de positionnement plus que de vérité politique.
À l’inverse, la sortie ordonnée de Bello Bouba, fruit d’une demande de la base militante, illustre une transition assumée et collective, presque institutionnelle. Elle inspire plus de respect que les gesticulations solitaires d’un ministre en perte de repères.
La leçon à retenir : la modération est une forme de fidélité à la nation
La politique, en démocratie, ne se nourrit pas d’excès, mais de constance, de responsabilité, et surtout d’écoute. Les discours de Tchiroma, souvent enflammés, souvent contradictoires, affaiblissent la crédibilité de la parole publique. Comment croire un homme qui se félicite un jour de servir un régime, pour le qualifier le lendemain de source de misère nationale ?
Le Cameroun a besoin d’hommes d’État cohérents, modérés, enracinés dans l’intérêt collectif, pas de professionnels du retournement.
Afrik inform ☑️
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