Sous tension et sous surveillance, la haute juridiction électorale camerounaise rend son verdict ce mardi après-midi sur l’un des recours les plus attendus de la séquence préélectorale : celui de Maurice Kamto. En jeu, bien plus qu’une candidature : la crédibilité d’une » auguste juridiction « .
Le Conseil constitutionnel face à une décision lourde de conséquences
Ce mardi 5 août 2025, à partir de 15 h, le Conseil constitutionnel camerounais se prononcera sur le sort d’un recours qui électrise le pays tout entier : celui de Maurice Kamto, candidat déclaré à la présidentielle du 12 octobre prochain sous la bannière du Manidem. Après quatre heures de débats tendus la veille à Yaoundé, l’institution présidée par Clément Atangana est appelée à trancher une affaire à forte charge politique et symbolique.
Alors que 35 recours ont été examinés ce lundi 4 août dans la matinée, celui opposant Kamto à Dieudonné Yebga – tous deux prétendants à l’investiture du même parti – a concentré l’attention nationale. Contrairement aux autres cas traités séance tenante, le Conseil a renvoyé sa décision à ce mardi, signe de la sensibilité du dossier.
Une jonction controversée des recours
C’est un détail de procédure qui a d’abord tendu l’audience : la décision du Conseil constitutionnel de joindre les requêtes de Maurice Kamto et de Dieudonné Yebga en une seule procédure. Les conseils de Kamto s’y sont vivement opposés, estimant que leur recours n’avait rien à voir avec celui de leur vis-à-vis, et dénonçant une tentative de dilution des responsabilités.
Mais après un premier délibéré sur cette question, le Conseil a maintenu la jonction, ouvrant alors le débat de fond devant une salle comble. À la barre, Maurice Kamto s’est présenté en personne, soutenu par une impressionnante équipe d’avocats. Il a plaidé la régularité de son investiture par le Manidem, à travers son président reconnu Anicet Ekané.
À l’inverse, la défense de Dieudonné Yebga a contesté la légitimité de Kamto, estimant qu’il n’est ni membre du parti, ni investi selon les règles statutaires.Chacun des deux camps s’accuse mutuellement d’usurpation.
Selon l’équipe Kamto, Dieudonné Yebga a été exclu du Manidem depuis 2018 et ne peut donc se prévaloir d’aucune qualité pour engager le parti. Ils dénoncent une collusion supposée entre ce dernier et le ministère de l’Administration territoriale, parlant de « forfaiture », « imposture » et « déni de démocratie ».
Côté Yebga, les arguments sont inversés : Maurice Kamto serait un intrus, investi de façon solitaire et irrégulière. Pour eux, la seule instance légitime du Manidem reste le Comité national de coordination, et c’est en son nom que Yebga se présente.
Tensions dans la ville
En marge des débats, des tensions ont été signalées dans la capitale. À plusieurs endroits de Yaoundé, des rassemblements spontanés de partisans de Maurice Kamto ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes par les forces de sécurité. Une atmosphère lourde, symptomatique de la crispation que suscite cette décision.
La haute juridiction électorale camerounaise joue gros. Loin d’être un simple arbitrage entre deux candidats d’un même parti, le recours Kamto/Yebga a pris l’allure d’un test grandeur nature de l’indépendance du Conseil constitutionnel.
Le peuple camerounais, largement mobilisé et polarisé autour de cette affaire, attend une décision perçue comme juste et conforme aux aspirations démocratiques.Ce mardi 5 août à 15 heures, au-delà d’un nom, c’est la légitimité de toute l’architecture électorale qui sera scrutée.
Afrik inform ☑️
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