Depuis plusieurs semaines, la localité de Bakassi est secouée par un événement dramatique : le sous-préfet de la région, Roland Ewanè, a été enlevé par des combattants du Biafra. L’incident, survenu le 1er octobre, a plongé la communauté dans l’inquiétude et le désarroi.
Dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, les ravisseurs montrent le sous-préfet ligoté, captif de ses bourreaux. Le visage marqué par la douleur et la peur, Roland Ewanè supplie ses kidnappeurs de lui accorder la vie. Il lance également un appel à l’aide : « Please my brothers and sisters, contribute that money and bring, I beg, I beg » (Pardon mes frères et sœurs, trouvez cette somme d’argent et apportez-la, je vous en supplie, Ndlr), crie-t-il. Sous lui, gît le conseiller municipal, également enlevé le même jour et au même endroit.
Cet enlèvement a été attribué de source sûre à des membres du groupe séparatiste du Biafra, qui lutte pour l’indépendance de la région du même nom, située au Nigeria. Bien que la région de Bakassi soit située au Cameroun, les tensions liées aux revendications indépendantistes du Biafra ont des répercussions sur la stabilité de certaines zones frontalières.
La vidéo a exacerbé les tensions au sein de la population locale, qui se trouve prise au piège entre les groupes armés du Biafra et les forces de l’ordre. Le climat d’insécurité reste préoccupant, en particulier pour les fonctionnaires et les civils de la région.
Une famille éplorée : entre demande de rançon, choc et indisponibilité de moyens
Selon la famille du sous-préfet, les ravisseurs ont demandé une rançon. Initialement, ils ont exigé 5 millions de dollars, avant de réajuster leur demande à 3 millions de dollars. Dans un récent appel, ils ont réduit cette somme à 700 000 dollars. En plus de cette enveloppe, les ravisseurs exigent de la famille et des autorités camerounaises 10 groupes électrogènes ainsi qu’un moteur Yamaha de 200 chevaux.
« Je suis presque morte » … Dans un extrait de reportage qu’à signé Arnaud Nguefack de canal 2 international, l’épouse du sous-préfet, Rose Ewanè est inconsolable et est meurtrie par l’enlèvement de son mari, elle revient sur les faits « il était 2 h 45 ce fameux 1er octobre lorsque je reçois un appel du maire D’idabato qui dit que les mauvais garçons sont entrés dans la ville et ils ont pris ton mari [ .. ] puis il raccroche », raconte-t-elle.
Dans le même extrait de vidéo, elle a déclaré avoir rencontré le gouverneur, qui lui a demandé de patienter jusqu’à l’aboutissement des « démarches diplomatiques entre le Cameroun et le Nigeria» . Elle dit avoir été également reçue par le Directeur de cabinet du Premier ministre car le chef du gouvernement, Dr Joseph Dion Ngute, était très occupé. Là encore , c’était sans suite favorable car on lui a dit la même chose : c’est une affaire « diplomatique et il faut attendre ».
En attendant de retrouver son illustre époux , la santé de dame Ewanè bat de l’aile et elle ne sait plus à quel saint se vouer « ma tête tremble et je crois déjà développer une maladie de parkinson. Quand les pirates appellent matin , midi et soir avec une voix qui fait peur et les cris de ton mari en arrière plan […] Je suis déjà morte »,conclut t’elle.
Des attaques à répétition
Cet enlèvement s’inscrit dans une série d’attaques et de violences qui frappent régulièrement les zones frontalières entre le Cameroun et le Nigeria, souvent alimentées par des revendications politiques et ethniques complexes. Malgré toutes les dispositions entreprises, les autorités Camerounaises et Nigérianes continuent de faire face à ce problème criard : La montée des groupes séparatistes et des milices qui alimentent la violence dans ces régions sensibles.
Néanmoins, la situation soulève des questions fondamentales : comment sécuriser durablement ces zones frontalières et rétablir l’ordre face à un ennemi dont les motivations sont profondément enracinées dans un conflit géopolitique complexe ?En attendant les développements, le regard du monde entier, en général et du Cameroun en particulier, est rivé sur Bakassi, où le sort de Roland Ewanè, retenu en otage, suscite la révolte d’un peuple solidaire qui appelle à sa « libération immédiate ».
Constantin GONNANG, Afrik Inform