À la veille des élections présidentielles du 26 août 2023 au Gabon, Jean Ping, ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle de 2016, avait publiquement exprimé son soutien à Albert Ondo Ossa, le candidat consensuel de l’opposition. Ce soutien marquait un moment clé pour l’unité de l’opposition face au régime d’Ali Bongo, affaibli par la maladie et par des années de contestation politique. Toutefois, un an après le coup d’État qui a mis fin au règne des Bongo et porté le général Brice Oligui Nguema au pouvoir, Jean Ping est demeuré silencieux, soulevant des questions sur ses motivations et ses intentions futures.
Le silence de Jean Ping : une stratégie politique ?
Jean Ping, autrefois figure centrale de l’opposition gabonaise, a surpris beaucoup d’observateurs par son absence remarquée de la scène politique depuis l’arrivée au pouvoir d’Oligui. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce silence.
Certains analystes suggèrent que Jean Ping pourrait être en train de réévaluer la situation politique actuelle. Le contexte d’un coup d’État militaire est fondamentalement différent de celui d’une élection contestée, et Jean Ping pourrait estimer qu’il est prudent de temporiser avant de prendre position publiquement.
Pressions et menaces : la face cachée du silence
Une autre possibilité est que Jean Ping soit sous pression, voire menacé, par les nouvelles autorités pour maintenir un profil bas. Dans de nombreux pays où les militaires prennent le pouvoir, la répression des opposants politiques est courante, et le silence de Jean Ping pourrait être une réponse à des pressions directes ou indirectes visant à le neutraliser politiquement.
La tentation de la négociation
Il est également envisageable que Jean Ping soit en négociation avec le nouveau régime. Son silence pourrait alors être stratégique, dans le cadre de discussions visant à garantir une certaine influence ou une place dans la nouvelle configuration politique du pays. Cette hypothèse repose sur la possibilité que Jean Ping, ayant perdu une partie de son capital politique, cherche à obtenir des concessions ou à peser dans le processus de transition.
Une désillusion après des années de lutte
Cependant, une explication plus personnelle pourrait aussi être avancée : la désillusion. Après des années de lutte acharnée contre le régime d’Ali Bongo, ponctuées par une élection présidentielle en 2016 dont il avait contesté les résultats, Jean Ping pourrait simplement être épuisé. L’échec de ses ambitions politiques, associé à l’incertitude du nouvel ordre militaire, pourrait l’avoir conduit à se retirer de la scène publique, en quête d’un apaisement personnel.
Le rôle de la communauté internationale
Enfin, il ne faut pas exclure l’influence de la communauté internationale. Jean Ping, qui a des soutiens parmi les puissances occidentales, pourrait attendre des signaux clairs avant de reprendre la parole. Le jeu diplomatique autour du Gabon post-coup d’État est complexe, et Jean Ping pourrait miser sur une future reconnaissance internationale de son rôle dans l’opposition pour revenir sur le devant de la scène.
Nakata Tomwooh pour Afrik- Inform