Le parquet national financier (PNF) entame ce mardi 25 mars son réquisitoire contre Nicolas Sarkozy et ses coaccusés dans le cadre du procès sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007.
L’ancien chef de l’État, jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, risque jusqu’à 10 ans de prison.
Après dix semaines d’audiences, le parquet déroule sa vision des faits dans une affaire complexe aux multiples ramifications. Pendant deux jours et demi, les procureurs vont exposer les éléments à charge contre l’ex-président et ses anciens ministres impliqués.
La gravité des accusations pourrait mener à une peine d’emprisonnement ferme, assortie d’une amende de 375 000 euros et d’une inéligibilité pouvant aller jusqu’à cinq ans.
Un « pacte de corruption » au cœur du dossier
Les accusations reposent sur un présumé accord conclu en 2005 entre Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et le régime de Mouammar Kadhafi. Selon l’accusation, la Libye aurait financé la campagne victorieuse de 2007 en échange de contreparties politiques et économiques.
Le parquet compte détailler trois déplacements de Nicolas Sarkozy en Libye cette année-là, en compagnie de ses proches collaborateurs Claude Guéant et Brice Hortefeux, qui auraient marqué la naissance de ce pacte.
Parmi les indices retenus par l’accusation figurent des virements bancaires d’un montant total de 6 millions d’euros vers un compte appartenant à l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, qui a affirmé avoir remis des valises de billets à Claude Guéant.
Les procureurs s’appuieront également sur les carnets de Choukri Ghanem, ancien ministre libyen du Pétrole, décédé en 2012, qui mentionnait des paiements à destination de Nicolas Sarkozy.
Des contreparties mises en avant
L’accusation entend démontrer que la visite officielle de Mouammar Kadhafi à Paris en 2007 ou encore l’exfiltration de Bechir Saleh, un proche du régime libyen, hors de France en 2012 font partie des avantages accordés en échange du financement présumé.
Parmi les autres prévenus figurent Eric Woerth, ex-trésorier de la campagne de 2007, Thierry Gaubert, soupçonné d’avoir reçu 440 000 euros, ainsi que des hommes d’affaires et un ancien cadre d’Airbus.
Nicolas Sarkozy, qui a toujours nié les faits, devra faire face aux réquisitions du parquet, qui pourraient inclure une demande de mandat de dépôt immédiat. L’ancien chef de l’État purge déjà une peine d’un an de prison ferme sous surveillance électronique pour corruption et trafic d’influence dans une autre affaire.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️