Mali| cinq ans après le putsch : promesses brisées, chaos sécuritaire et incertitude politique

Le 18 août 2020, les militaires maliens renversaient le président Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, plongeant le pays dans une profonde crise politique. Quelques mois plus tard, un second coup d’État évinçait le président de transition Bah N’Daw, installé par les mêmes putschistes, qui s’emparaient de tous les postes-clés de l’État. À l’époque, ils promettaient une transition courte et la construction d’un « Mali kura », un Mali rénové. Cinq ans plus tard, ces promesses n’ont toujours pas été tenues. La junte dirigée par le colonel Assimi Goïta reste aux commandes, et les élections, constamment repoussées, semblent encore lointaines.

La lutte contre les jihadistes : des avancées limitées

La junte s’est lancée dans la lutte contre les groupes jihadistes dans le nord du pays, rompant avec la France et nouant un partenariat stratégique avec la Russie. Les mercenaires du groupe Wagner ont été déployés pour soutenir les forces maliennes, et la reconquête de Kidal a été présentée comme un succès militaire. Mais sur le terrain, la situation reste préoccupante : de nombreuses localités restent sous contrôle jihadiste, plus d’une centaine de civils sont toujours otages dans le centre du pays, et les exactions contre les populations civiles se poursuivent. Les mercenaires russes n’ont pas réussi à stabiliser le nord, et la sécurité, censée être le chantier prioritaire de la transition, se dégrade chaque jour.

Le CNSP avait promis une transition de 18 mois, mais celle-ci est désormais sans cap précis. Alioune Tine, fondateur du think-tank sénégalais Afrikajom Center et ancien expert de l’ONU pour les droits humains au Mali, tire la sonnette d’alarme : « Ils sont venus pour la sécurité, mais aujourd’hui la sécurité se dégrade. Le plus grave, c’est que les promesses de transition n’ont pas été respectées». Affirme t’il.

La dissolution des partis politiques en mai 2025, suivie de manifestations pro-démocratie réprimées à Bamako, illustre le verrouillage politique et la fragilité des institutions.

Alliances régionales et tensions avec la CEDEAO

Pour renforcer sa position, la junte malienne a créé l’Alliance des États du Sahel (AES) avec le Burkina Faso et le Niger, formant un bloc régional qui s’oppose à la CEDEAO. Mais cette alliance n’a pas permis de résoudre les problèmes internes du Mali. Les arrestations de militaires soupçonnés de complot révèlent les fractures au sein de la junte et une instabilité persistante au sommet du pouvoir.

Cinq ans après : quel bilan ?

Si la junte peut se targuer de quelques succès militaires ponctuels et d’un renforcement du sentiment national, l’ensemble des indicateurs reste préoccupant. La population fait face à une insécurité chronique, des crises humanitaires récurrentes et un vide politique qui s’étend. La communauté internationale, dont la CEDEAO, continue d’exiger un retour à l’ordre constitutionnel et la tenue d’élections libres et transparentes, mais le chemin vers la démocratie et la stabilité semble encore long et incertain.

Cinq ans après le putsch, le Mali est toujours à la croisée des chemins : entre chaos sécuritaire, promesses non tenues et tensions internes, l’avenir reste sombre et incertain.

Afrik inform ☑


En savoir plus sur Afrik-Inform

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Afrik inform Afrik inform Afrik-inform Afrikinform Afrikinform
Afrik inform Afrik inform Afrik-inform Afrikinform Afrikinform