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Dix ans après la mort brutale de Mouammar Kadhafi, Nicolas Sarkozy semble toujours prisonnier de l’ombre de l’ex-dictateur libyen. Ce jeudi 27 mars, la justice française a prononcé une sentence lourde contre l’ancien président : sept ans de prison, 300 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité.
Une condamnation qui vient sceller l’un des plus grands scandales politico-financiers de la Ve République, dans lequel le fantôme de Kadhafi rôde à chaque instant.
Un pacte occulte aux conséquences explosives
L’histoire commence bien avant le chaos libyen. En 2005, alors ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy et son entourage auraient noué un « pacte de corruption » avec le régime de Tripoli, visant à financer sa campagne présidentielle de 2007.
Selon les enquêteurs, des millions d’euros auraient transité via des réseaux complexes, impliquant des intermédiaires comme l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine et le sulfureux Alexandre Djouhri.
Les indices sont accablants : des témoignages d’anciens dignitaires libyens, des mouvements suspects d’argent liquide et des documents révélés par la presse, notamment Mediapart, attestent d’un système tentaculaire. Kadhafi lui-même, avant sa chute, affirmait avoir financé Sarkozy.
Mais en 2011, tout bascule !! La Libye, prise dans la tourmente des printemps arabes, devient la cible d’une intervention militaire menée par l’OTAN… sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy.
L’assassinat du guide : l’opération pour faire taire un témoin gênant ?
Officiellement, l’intervention militaire en Libye visait à « protéger les populations civiles » face à la répression sanglante du régime Kadhafi. Mais pour de nombreux analystes, cet acharnement de Paris cachait un objectif plus personnel : éliminer un homme qui en savait trop.
Le 20 octobre 2011, après des mois de frappes aériennes et une guerre civile sanglante, Mouammar Kadhafi est capturé vivant près de Syrte. Quelques minutes plus tard, il est exécuté d’une balle dans la tête, un meurtre filmé par les rebelles, diffusé sur toutes les chaînes du monde. Une mort qui empêche le dictateur de livrer ses secrets sur le prétendu financement occulte de Sarkozy.
Des questions subsistent sur le rôle exact de la France dans cette élimination expéditive. En 2017, l’ancien président de l’Assemblée nationale italienne, Pier Ferdinando Casini, déclarait : «Sarkozy voulait effacer les traces d’un passé compromettant en Libye».
Une hypothèse renforcée par les révélations de l’ancien ministre libyen des Affaires étrangères, Moustafa Abdel Jalil, affirmant que des « agents étrangers » avaient joué un rôle actif dans l’exécution de Kadhafi.
Un fantôme qui rattrape l’ancien président
Kadhafi n’a pourtant jamais cessé de hanter Nicolas Sarkozy. Dès 2012, l’affaire du financement libyen éclate avec les premières révélations de Mediapart. L’ancien président clame son innocence, dénonçant un complot orchestré par ses ennemis politiques et des « manipulations » judiciaires, mais les faits s’accumulent.
Mis en examen en 2018 pour « corruption passive », « recel de détournement de fonds publics » et « financement illégal de campagne », il est rattrapé par la justice après des années de bataille judiciaire.
Le parquet financier a réussi à démontrer que des sommes d’origine libyenne auraient bien irrigué sa campagne de 2007. Déjà condamné dans d’autres affaires, notamment celle des écoutes (affaire Bismuth) où il purge une peine sous bracelet électronique, Sarkozy doit désormais faire face à une nouvelle sanction judiciaire d’une ampleur inédite.
Un verdict historique et un avenir judiciaire sombre
Le tribunal judiciaire de Paris n’a pas mâché ses mots en prononçant la condamnation. « C’est un tableau très sombre d’une partie de notre République qui s’est dessiné », a déclaré le procureur Sébastien de la Touanne, dénonçant une « quête effrénée de financement » pour satisfaire une « ambition politique dévorante ».
À 70 ans, Nicolas Sarkozy devient le premier ancien président de la République à être condamné à une telle peine. Ses avocats préparent déjà un appel, mais le poids de cette sentence risque de marquer un tournant définitif dans sa carrière politique.
En Libye, où le chaos règne toujours depuis l’intervention française, certains voient dans ce verdict un symbole : celui d’un homme qui, après avoir fait tomber un dictateur, se retrouve à son tour pris dans une chute vertigineuse, incapable d’échapper au spectre de Kadhafi.
La rédaction d’Afrik inform ☑️