Confrontée à des hausses brutales de droits de douane américains, l’Afrique du Sud propose à Donald Trump un accord inédit : importer du gaz liquéfié des États-Unis contre des exemptions fiscales sur ses exportations automobiles, d’acier et d’aluminium. Une offre stratégique alors que l’avenir du partenariat économique entre les deux pays est plus incertain que jamais.
Alors que les tensions commerciales s’intensifient entre Pretoria et Washington, l’Afrique du Sud tente une manœuvre audacieuse pour préserver son économie. En pleine crise diplomatique et dans un contexte de remise en question du programme AGOA (African Growth and Opportunity Act), le président Cyril Ramaphosa a profité de sa visite d’État à Washington, le 21 mai 2025, pour proposer un accord bilatéral stratégique à son homologue américain Donald Trump.
Le deal est clair : importer du gaz naturel liquéfié américain pour un montant estimé à un milliard de dollars par an, sur une période de dix ans, en échange de franchises douanières sur des produits-clés de l’économie sud-africaine. Objectif principal : sauver l’industrie automobile, durement frappée par la fin des exonérations douanières permises par l’AGOA.
Un secteur automobile en péril
Jusqu’ici épargnées par des taxes grâce au programme AGOA, les exportations de véhicules sud-africains vers les États-Unis sont désormais frappées par des droits de douane de 25 %.
Une mesure qui menace de bouleverser un secteur vital pour l’économie nationale, représentant environ 5 % du PIB et employant des dizaines de milliers de personnes.
Des marques comme Ford, BMW ou Mercedes-Benz produisent localement en Afrique du Sud, notamment pour l’exportation. Le retour des barrières douanières pourrait entraîner une baisse des exportations, des délocalisations et une vague de suppressions d’emplois.
C’est dans ce contexte que Pretoria tente une approche pragmatique avec la Maison-Blanche : en contrepartie de l’importation régulière de gaz naturel américain, elle demande à exempter 40 000 véhicules par an de taxes douanières, ainsi que l’acier et l’aluminium.
Une dépendance énergétique stratégique
L’Afrique du Sud ne joue pas seulement la carte commerciale : elle cherche aussi une alternative à ses sources d’approvisionnement en gaz, alors que les livraisons venues du Mozambique, partenaire historique, deviennent de plus en plus incertaines.
L’offre à Washington représente donc un double levier pour Pretoria : sécuriser son approvisionnement énergétique tout en défendant ses intérêts industriels à l’international.
Pour l’instant, la balle est dans le camp américain. La proposition sud-africaine est à l’étude à Washington, mais le ton réaliste de Cyril Ramaphosa montre qu’avec Donald Trump, le langage du donnant-donnant est devenu la norme.
Constantin GONNANG, Afrik inform ☑️