Washington – Ce qui avait commencé comme une entente spectaculaire entre deux figures les plus influentes des États-Unis s’est brutalement soldé par une rupture tout aussi retentissante.
Jeudi 5 juin 2025, Donald Trump et Elon Musk ont mis un terme à leur alliance, étalant leur désamour en public, sur les réseaux sociaux et devant les caméras de la Maison Blanche.
Le président américain a dénoncé la « folie » de son ancien conseiller, tandis que le patron de SpaceX lui a rétorqué avec une accusation d’« ingratitude ».
La rupture se joue en direct
La scène a quelque chose d’irréel. Dans le Bureau ovale, en présence du chancelier allemand Friedrich Merz et de plusieurs hauts responsables, Donald Trump officialise en direct sa brouille avec Elon Musk, à peine une semaine après le départ de ce dernier de la mission budgétaire de la Maison Blanche. « Elon et moi avions une bonne relation. Je ne sais pas si c’est encore le cas », lâche-t-il face à la presse.

Il ira plus loin sur Truth Social : Musk, dit-il, est « devenu fou ».Le chef d’État menace dans la foulée de couper les aides gouvernementales à Tesla et SpaceX : « Le plus simple pour économiser des milliards serait d’annuler leurs subventions ».
Une attaque frontale à laquelle Musk répond immédiatement sur X, en annonçant que SpaceX entamera le démantèlement de son vaisseau spatial Dragon, pourtant utilisé par la NASA pour rejoindre la Station spatiale internationale.
Choc boursier et escalade verbale
Les répercussions ne se font pas attendre. À la clôture de Wall Street, Tesla accuse une chute de 14 %, entraînant une perte colossale de 150 milliards de dollars en capitalisation. Une semaine plus tôt déjà, Musk avait vivement critiqué un projet de loi budgétaire phare de l’administration Trump, le qualifiant « d’abomination ».
Dans une salve de publications, Musk nie avoir été informé des détails du texte et conteste la version présidentielle. Il rappelle, non sans acrimonie, avoir soutenu financièrement la campagne républicaine de 2024, avant d’asséner : « Trump aurait perdu l’élection sans moi ».
Les coups bas d’un divorce politique
Visiblement décidé à rompre tout lien, Elon Musk frappe là où cela fait mal. Il affirme, sans fournir de preuves, que le nom de Donald Trump figurerait dans le dossier Jeffrey Epstein, le financier déchu mort en prison avant son procès pour crimes sexuels.
Une attaque de plus dans un duel désormais débridé. Donald Trump, lui, évoque avec amertume les compliments passés de Musk : « Il disait les choses les plus belles à mon propos ». Une manière de dépeindre son ancien allié en amant éconduit, rongé par le ressentiment. « Certains nous aiment tellement qu’en nous quittant, cela leur manque… Alors ils deviennent hostiles », résume-t-il.
Une amitié vouée à l’échec ?
Depuis que Musk a rejoint l’équipe Trump en fanfare début 2024, les observateurs s’interrogeaient : comment deux hommes aussi imprévisibles, tous deux assoiffés de lumière et mus par l’instinct, pouvaient-ils cohabiter durablement ?
Un temps, la dynamique fonctionne. Le président défend bec et ongles son conseiller, qualifie d’« acte terroriste » les attaques contre des voitures Tesla, et déroule le tapis rouge à la marque californienne. De son côté, Musk multiplie les gestes d’allégeance. Il s’affiche à Mar-a-Lago, porte une casquette « Trump avait raison sur tout » au Conseil des ministres, et qualifie Trump de « roi » le jour de son investiture.
Mais les tensions s’accumulent. Plusieurs ministres se plaignent des méthodes abruptes du patron de Tesla. Et la défaite d’un candidat conservateur soutenu par Musk à la Cour suprême du Wisconsin vient sans doute précipiter la chute. Trump, qui exècre l’échec, aurait vu dans cet épisode le signal d’une relation devenue contre-productive.
Et maintenant, un « Musk Party » ?
Plutôt que de se retirer, Elon Musk semble vouloir capitaliser sur cette rupture. Il évoque déjà sur X l’idée de créer un nouveau parti politique, une sorte de « troisième voie » pour les électeurs lassés du duopole démocrate-républicain.
Une initiative encore floue, mais révélatrice d’un homme qui, après avoir été conseiller, mécène, puis opposant, entend rester dans l’arène. De cette bromance fulgurante entre le magnat de la tech et l’homme fort de la droite américaine, il ne reste qu’un champ de ruines numériques, des menaces budgétaires, et une promesse de revanche. À défaut d’avoir conquis la lune ensemble, Musk et Trump viennent de se crasher en plein vol.
Constantin GONNANG,Afrik inform ☑️