New York – Dans la salle feutrée du Conseil de sécurité des Nations Unies, au siège de l’ONU à New York, le silence pesant a été rompu par l’annonce du vote : une résolution qualifiée par plusieurs diplomates de moment historique a été adoptée, par 11 voix pour, sans opposition directe, avec trois abstentions (Russie, Chine, Pakistan) et l’absence notable de l’Algérie. Pour la première fois, l’instance onusienne reconnaît la proposition d’autonomie du Sahara occidental sous souveraineté marocaine comme « la solution la plus viable » pour mettre fin à un conflit vieux de plus de cinquante ans.
Dès l’ouverture de la séance, l’ambiance était chargée. Diplomates, représentants permanents et journalistes internationaux se succédaient au micro, pesant chaque mot. La longue histoire du dossier a été rappelée : un territoire en attente de décolonisation depuis le départ de l’Espagne dans les années 1970, une mission de maintien de la paix, la MINURSO, installée en 1991, et des décennies de négociations infructueuses.
À l’issue du vote, l’ambassadeur des États-Unis a salué un « moment historique… une opportunité unique pour enfin instaurer la paix dans cette région », tandis que plusieurs représentants africains soulignaient l’importance d’un compromis durable.
« L’ autonomie au cœur du dialogue »
À la lecture du texte, quelques lignes suffisent à mesurer l’ampleur du tournant. La résolution adoptée le 31 octobre 2025 ne se contente pas de prolonger le mandat de la MINURSO jusqu’à fin octobre 2026 : elle fixe un nouveau cadre pour l’avenir du Sahara occidental. Les négociations devront désormais se concentrer sur l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc en 2007, reconnue par le Conseil de sécurité comme une « base sérieuse, pragmatique et réaliste ». Les références à un référendum d’indépendance, jusqu’ici revendiqué par le Front Polisario et ses soutiens, ont disparu du texte, un silence lourd de sens.
Dans le hall du Conseil, un diplomate Africain, confiait par ailleurs que: «Pour la première fois, nous avons un signal clair : le Conseil reconnaît que la solution la plus viable repose sur un compromis, et non sur la maximalisation des positions. Cela ne signifie pas que les droits du peuple sahraoui sont ignorés, mais que la viabilité politique prime sur le scénario irréaliste d’une indépendance immédiate ».
Le texte appelle également toutes les parties à engager des discussions sans conditions préalables, de manière directe et transparente, et prévoit un examen stratégique de la MINURSO dans six mois, pour ajuster son rôle selon l’évolution des négociations.
En clair, l’ONU marque un changement de posture : l’accent n’est plus mis sur un scrutin hypothétique, mais sur une solution politique négociée, avec des marges de manœuvre clairement définies pour Rabat et pour les populations sahraouies. Pour les observateurs, ce basculement annonce une phase de dialogue plus concrète, où la diplomatie internationale semble enfin vouloir transformer des décennies de blocage en pistes tangibles de compromis.
Rabat salue une « victoire diplomatique »
Au Maroc, l’adoption de la résolution a été perçue comme un triomphe diplomatique majeur. Le roi Mohammed VI a qualifié ce vote de « page nouvelle » dans la consolidation de la marocanité du Sahara, tout en appelant à un « dialogue fraternel » avec l’Algérie pour transformer cette résolution en un règlement consensuel. Le ministère des Affaires étrangères marocain a indiqué que la décision de l’ONU « renforce la crédibilité de l’initiative d’autonomie et ouvre une nouvelle ère pour la stabilité régionale ».
Cette reconnaissance intervient après plusieurs gestes internationaux favorables au Maroc : plusieurs États européens, dont la Belgique, ainsi que les États‑Unis, avaient annoncé leur soutien explicite au plan marocain dans les jours précédant la résolution, créant un contexte diplomatique particulièrement propice à l’adoption du texte.
Une nouvelle trajectoire pour le conflit
Avec cette résolution, le Sahara occidental entre dans une phase inédite. La logique antérieure, centrée sur un référendum d’autodétermination pouvant conduire à l’indépendance, laisse désormais place à un processus de négociation autour de l’autonomie sous souveraineté marocaine. Pour le Front Polisario et ses soutiens, notamment l’Algérie, cette orientation constitue un recul du droit à l’autodétermination : Alger a rappelé que « la décision finale appartient au peuple sahraoui ».
Le Conseil de sécurité envoie un message clair : le compromis diplomatique prime sur la maximalisation des positions, et la voie du dialogue devient centrale. La question qui se pose désormais est concrète : quelle forme prendra cette autonomie ? Quelle marge de manœuvre politique, économique et culturelle sera accordée aux populations sahraouies ? Et comment Rabat mettra-t-il en œuvre ce dispositif dans les mois à venir ?
Le défi est double : transformer cette reconnaissance onusienne en négociations effectives, et assurer que ce processus de compromis, longtemps différé, aboutisse à un règlement durable, susceptible de mettre fin à un conflit qui a marqué durablement l’histoire contemporaine du Maghreb.
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