Le Togo vient de franchir un nouveau cap dans lâart du contournement démocratique. à la faveur dâune réforme constitutionnelle adoptée en avril 2025, le pays a basculé dâun régime présidentiel vers un régime parlementaire, transformant radicalement le mode dâexercice du pouvoir.
En surface, il sâagit dâune modernisation institutionnelle. En réalité, il sâagit dâun tour de passe-passe politique savamment orchestré pour maintenir Faure Gnassingbé au sommet de lâÃtat sans passer par le suffrage universel.
Depuis 1967, le Togo vit sous le règne continu des Gnassingbé. Le père, Gnassingbé Eyadéma, a régné pendant 38 ans. à sa mort en 2005, son fils, Faure Gnassingbé, a accédé au pouvoir dans des conditions controversées, avec lâappui de lâarmée. Deux mandats plus tard, une révision constitutionnelle opérée en 2015 a permis de « remettre les compteurs à zéro », autorisant Faure à briguer deux nouveaux mandats supplémentaires.
Ainsi, malgré la limitation initiale à deux mandats, il a pu gouverner de 2005 jusquâà 2025.Mais à lâapproche de la fin de ce dernier mandat, une nouvelle manÅuvre politique est mise en place. La réforme dâavril 2025 transfère lâessentiel du pouvoir exécutif au président du Conseil des ministres, désormais nommé par les députés. Et devinez qui est désigné à ce poste stratégique ? Faure Gnassingbé lui-même.
Quant à la présidence de la République, elle devient une fonction symbolique confiée à une personnalité âgée, sans aucun pouvoir réel.Ce scénario place Faure Gnassingbé en position de gouverner indéfiniment, en dehors de toute élection présidentielle directe, vidant ainsi la démocratie de son contenu.
Ce glissement institutionnel habilement maquillé en réforme républicaine consacre lâinstauration dâune dynastie politique déguisée, où le pouvoir se transmet et se conserve au sein dâun même clan familial, sous couvert de légalité constitutionnelle.
Lâhistoire retiendra peut-être cette manÅuvre comme lâun des cas les plus flagrants de contournement de la volonté populaire sur le continent. Une dynastie camouflée en République parlementaire : voilà le nouveau visage du Togo. En Afrique, la créativité politique semble parfois ne connaître aucune limite. Mais à quel prix pour les peuples ?
Nakata Tomwooh pour Afrik-inform â
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