Un vent de justice souffle sur le pays depuis le 31 décembre, date à laquelle le président Emmerson Mnangagwa a signé une loi abolissant la peine de mort pour tous les délits, une décision qui entre en vigueur sans délai. Ce pas décisif, attendu depuis des années, redéfinit le paysage judiciaire du pays.
Une pratique déjà en veille
Depuis 2005, aucun détenu n’avait été exécuté, le Zimbabwe ayant instauré un moratoire sur la peine capitale. Pourtant, cette sentence continuait d’être prononcée par les tribunaux pour des crimes comme le meurtre ou le terrorisme. En 2022, à peine une poignée d’exécutions, entre zéro et trois selon Amnesty International, aurait été menée.
Cette réforme va bien plus loin : une soixantaine de condamnés verront leur peine transformée. Leur sort sera réexaminé à la lumière de leur conduite en prison, de la gravité de leurs actes et du temps passé derrière les barreaux, rapporte le quotidien d’État The Herald.
Une blessure personnelle devenue un combat
Le président Mnangagwa, fervent opposant à la peine de mort, puise sa détermination dans son propre passé. Dans les années 1960, il avait été condamné à mort pour avoir fait dérailler un train pendant la guerre d’indépendance. Âgé de 21 ans, il échappa à la potence grâce à une commutation de sa peine en dix années de prison.
Ce souvenir douloureux est devenu le socle de son engagement pour une justice plus humaine.Depuis son entrée en fonction en 2017, Mnangagwa avait déjà usé de son pouvoir présidentiel pour convertir plusieurs condamnations à mort en réclusion à perpétuité.
Avec cette nouvelle législation, il place le Zimbabwe dans le cercle des nations qui refusent désormais de faire de la justice une affaire de vie ou de mort.
Des louanges mêlées de prudence
Amnesty International a salué cette avancée, la qualifiant de “progrès remarquable” dans un message publié sur X. Toutefois, l’organisation reste sur ses gardes : une clause de la nouvelle loi permettrait de rétablir la peine capitale en cas d’état d’urgence. Cette ombre au tableau invite à rester vigilant face aux dérives potentielles.
Avec cette décision, le Zimbabwe devient le 24ᵉ pays africain à enterrer définitivement la peine capitale. D’autres nations du continent, comme le Kenya, le Liberia et le Ghana, ont amorcé des réformes similaires, mais sans encore franchir le pas législatif.À l’échelle mondiale, 113 pays ont tourné le dos à cette pratique, selon Amnesty.
Néanmoins, en 2023, près de 1 200 exécutions ont été recensées, marquant une hausse notable par rapport à l’année précédente. L’Iran et l’Arabie saoudite dominent tristement ce classement, suivis par la Somalie et les États-Unis.
Une lueur pour l’avenir
Alors que le Zimbabwe choisit de tourner une page sombre de son histoire, cette décision rayonne comme un symbole d’espoir. Si l’abolition universelle reste un combat de longue haleine, chaque initiative, à l’instar de celle du Zimbabwe, montre qu’un autre chemin est possible, où la justice s’écrit sans le sceau de la vengeance.
Constantin GONNANG, Afrik Inform ☑️